« mat.2 », définition dans le dictionnaire Littré

mat

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mat, ate [2]

(ma, ma-t') adj.
  • 1Qui n'a point d'éclat, en parlant des métaux mis en œuvre sans avoir été polis. Or, argent mat. Vaisselle mate.
  • 2 Terme de peinture. Qui n'a point d'éclat, de transparence. Coloris mat. Couleur mate. Ce petit animal [le petit maki gris] a été apporté de Madagascar par M. Sonnerat ; il a tout le corps, excepté la face, les pieds et les mains, couvert d'un poil grisâtre, laineux, mat et doux au toucher, Buffon, Quadrup. t. XII, p. 174. Ce blanc mat des femmes de Barbarie se trouve quelquefois en Languedoc et sur toutes nos côtes de la Méditerranée, Buffon, Suppl. à l'hist. nat. Œuvres, t. XI, p. 269. Proche de nous toutes les couleurs se distinguent ; au loin, elles se confondent en s'éteignant, et leur confusion produit un blanc mat, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 225, dans POUGENS.

    Terme de peinture en bâtiments. Se dit des couleurs en détrempe qui ne sont pas vernies, et de l'or sur apprêt qui n'est pas bruni.

  • 3Compacte et lourd. Du pain mat. Une pâte mate.

    Broderie mate, broderie d'or ou d'argent qui est très chargée.

  • 4 Terme de marine. Mer mate, grosse mer dont les lames longues et élevées marchent lentement.
  • 5Son mat, son semblable à celui qu'on obtient en frappant un tonneau plein.

    Terme de médecine. Son mat, celui que rendent les parties charnues quand on les percute avec le doigt, et celui que la poitrine donne lors de l'hépatisation du poumon, ou quand il y existe un épanchement considérable.

  • 6 S. m. Le mat, la couleur mate. Le défaut de transparence et le mat, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 205. C'est en mat que l'on a commencé à faire de la gravure fluorhydrique, Kessler, Acad. des sc. Comptes rendus, t. LXIV, p. 178.

HISTORIQUE

XIIIe s. Car n'i osoie la main tendre, Tant iere [j'étais] maz et vergongneus, à loi de povre besongneus, la Rose, 8129.

XIVe s. Qui son anemi est bone chiere monstrant, Or le fait à moitié tout mat et recreant, Baud. de Seb. V, 5. Se tu vois que l'esprevier soit trop eschif, si lui remetz le chaperon le plus en paix que tu porras, et soit encore veillé qu'il soit plus mat, Modus, f. XCVIII. Quant aucun oisel de proye fait mate chiere, Ménagier, III, 2. Il est si mat, si las, si dompté du travail et tourment de mesnage…, les 15 joyes de mariage, p. 32.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mat, triste. Dans les anciens textes, mat signifie seulement las, humilié ; c'est de ce sens qu'on est allé au sens de terne, qui paraît très récent. Mat, las, humilié, est un sens dérivé, comme le verbe mater, de mat 1. L'allemand a matt, qui signifie abattu, terne et mat ; Diez pense qu'il vient des langues romanes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. MAT. Ajoutez :
7 Dans la dentelle, le mat, morceau sur lequel l'aiguille ou le fuseau sont revenus plusieurs fois pour les épaissir, les broder, Ch. Blanc, l'Art dans la parure, p. 279.
8 Préparation dont le nitre est la base, Tarif des douanes, 1869, p. 164.