« récitatif », définition dans le dictionnaire Littré

récitatif

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

récitatif

(ré-si-ta-tif) s. m.
  • Terme de musique dramatique. Chant qui n'est mesuré que par à peu près (il pourrait très bien ne pas l'être), et que le chanteur exécute, comme le plain-chant, sans régularité mathématique de rhythme ; il représente la parole ordinaire, et n'en diffère que parce que les syllabes sont prononcées sur les notes de la gamme ; il ne contient que le récit de l'action et se distingue des airs et des chœurs. On a surpassé prodigieusement Lulli dans tout ce qui n'est pas récitatif ; mais personne n'a jamais égalé Quinault, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Quinault. Le récitatif ne peut être bon qu'autant que les vers le sont, Voltaire, Dict. phil. Art dramatique. Un beau spectacle bien varié, des fêtes brillantes, beaucoup d'airs, peu de récitatifs, des actes courts, c'est là ce qui me plaît [dans un opéra], Voltaire, Lett. Thiriot, 25 déc. 1735. On entend quelquefois les partisans de Lulli se récrier d'admiration sur ce que c'est un étranger qui a créé notre récitatif ; il y paraît, on sait à quel point la prosodie y est estropiée, surtout dans les finales, D'Alembert, Lib. de la mus. Œuv. t. III, p. 369, dans POUGENS.

    Récitatif libre : le récitatif n'est quelquefois accompagné que par la basse et le piano ; on lui donne le nom de récitatif libre ; on s'en sert principalement dans l'opéra bouffe italien. Le chanteur le débite rapidement, et donne aux paroles moins d'accentuation qu'à tout autre récitatif, Fétis, la Musique, Dict. art. récitatif.

    Récitatif obligé : c'est celui qui, entremêlé de ritournelles et de traits de symphonie, oblige, pour ainsi dire, le récitant et l'orchestre l'un envers l'autre, en sorte qu'ils doivent être attentifs et s'attendre mutuellement, Rousseau, Dict. de mus. art. récitatif obligé. Les Italiens en ont un qu'ils appellent récitatif obligé, c'est-à-dire accompagné d'instruments, et qu'ils emploient souvent avec succès dans les morceaux d'expression, D'Alembert, Lib. de la mus. Œuv. t. III, p. 371.

    Récitatif mesuré : ces deux mots sont contradictoires ; tout récitatif où l'on sent quelque autre mesure que celle des vers n'est plus du récitatif. Mais souvent un récitatif ordinaire se change tout d'un coup en chant, et prend de la mesure et de la mélodie ; ce qui se marque en écrivant sur les parties a tempo ou a battuta, Rousseau, Dict. de mus. art. récitatif mesuré. Si vous voulez avoir un modèle de récitatif mesuré italien avant Lulli, absolument dans le goût français, faites-vous chanter par quelque basse-taille le Sunt rosae mundi breves de Carissimi, Voltaire, Lett. Chabanon, 8 janv. 1773.

    Récitatif noble, genre particulier de récitatif, qui a été porté à son plus haut point de perfection par Gluck, dans ses tragédies lyriques. Le récitatif noble a été adopté presque exclusivement par les compositeurs de l'école italienne, de Sacchini à Rossini, et par ceux de l'école française jusqu'à l'année 1831, date de l'apparition de Robert le Diable. Ne perdons pas surtout la tradition de ce beau récitatif à la manière de Gluck, dont les compositeurs italiens reconnaissent aujourd'hui si bien le mérite, qu'ils cherchent à s'en approcher autant qu'ils peuvent, Fétis, la Musique, III, 19.

ÉTYMOLOGIE

Réciter.