« ébahir », définition dans le dictionnaire Littré
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ébahir (s')
- Rester la bouche ouverte, s'étonner, être surpris. On s'ébahit à la vue d'un événement imprévu ou d'un spectacle agréable.
REMARQUE
L'ancien français faisait ébahir actif ; il est fâcheux qu'il ne soit plus que réfléchi.
HISTORIQUE
XIIe s. Mout fu vassaus [brave] qui n'i fust esbaïs
, Ronc. p. 72. Moult [j'] ai esté longuement esbahis, Qu'onques n'osai chanson à faire emprendre
, Couci, v. Car sa beautez me fait tant esbahir, Que je ne sai devant li nul langage
, ib. XI. E cist temples lur iert [sera] en essample, si que tuit icil ki i passeront, forment se esbaïrunt
, Rois, 268.
XIIIe s. Lors s'en est Bel-accueil foïs [fui], Et je remès [restai] tous esbahis, Honteux et mas [abattu]
, Rose, 2964. [La maison] tremble toute effraée, Tant se sent foible et esbaée, et pourfendue de crevaces En plus de cinq cens mile places
, ib. 6136.
XIVe s. Or est celui qui est fort ou preuz, de tele condicion que il ne s'esbahist pas et est sans paour en la maniere que bon homme peut estre
, Oresme, Eth. 80. Et parceque tristece esbahit, l'on pert son jugement
, Oresme, ib. 98. Aiez bon cuer en vous, pour Dieu le fruit de vie ; Car homs qui s'esbahit, il est mors à moitié
, Guesclin. 18385. Cilz parla hautement si que tuit l'ont oï, Ne fut couars ne nices, ne fist pas l'eboï
, Girart. de Ross. V. 1389.
XVe s. À l'endemain la truie [machine de siége] fut levée au plus près qu'ils purent de Bergerac, qui grandement esbahit ceux de la ville
, Froissart, II, II, 7. Et si les esbahyssoit l'yver qui s'approchoit
, Commines, IV, 6.
XVIe s. Ils s'esbahissoient comment il laissoit ainsi eschapper le poinct de son occasion
, Amyot, Pyrrh. 20.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, esbawi ; provenç. esbair ; ital. sbaire ; de es- préfixe, et le radical baïr, étonner, qui est dans le rouchi bahi, étonnant, dans l'espagnol em-bair, faire illusion, et dans l'italien baire, étonner, et que les étymologistes regardent comme dérivé de bah, exclamation naturelle d'étonnement. Comp. pourtant BAYER, BÉER.