« pantalon », définition dans le dictionnaire Littré

pantalon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pantalon

(pan-ta-lon) s. m.
  • 1Nom donné par plaisanterie aux Vénitiens (on met une majuscule).
  • 2Nom d'un personnage bouffon du théâtre italien, qui porte une culotte longue et qui représente les vieillards (on met une majuscule). Deux gros joufflus… six Pantalons… apothicaire, lavement, jamais je n'ai été si soûl de sottises, Molière, Pourc. II, 4. Jeudi 7 décembre 1684 : Le soir, il y eut comédie italienne, où le Pantalon parut pour la première fois ; madame la Dauphine le trouva assez bon, Dangeau, I, 78. Des tapisseries de ce temps-là représentent ce prince [François Ier] et ses courtisans vêtus comme des Pantalons, c'est-à-dire d'un pourpoint à petites basques et d'un caleçon tout d'une pièce avec les bas, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 114, dans POUGENS. Une des choses qui rendent ennuyeux le Pantalon de la comédie italienne…, Rousseau, Ém. IV. Truffaldin et Pantalon paraissent souvent dans ces drames burlesques à côté des plus grands rois de la terre, Staël, Corinne, XVI, 1.

    Fig. À la barbe de Pantalon, en présence de Pantalon, en présence et en dépit de celui que la chose regarde (locution tirée des comédies où Pantalon était bafoué).

  • 3 Fig. et familièrement. Homme qui prend toutes sortes de figures, qui joue toute sorte de rôles pour en venir à ses fins (on met une minuscule). Broussel me coula ces paroles dans l'oreille : Ce n'est là [Mazarin] qu'un pantalon, Retz, II, 148. Le vieux pantalon [nom donné par Monsieur à Chateauneuf, garde des sceaux, en 1651], Retz, Mém. liv. III, t. II, p. 295, dans LACURNE. Plus on approfondit tout ce qui a rapport à ce pantalon suisse, plus on trouve de preuves de son incroyable vanité, Maintenon, Lett. au D. de Noailles, 19 juin 1710.
  • 4L'habit que porte d'ordinaire le bouffon de ce nom.
  • 5Culotte qui descend jusqu'au bas de la jambe. Winckelmann paraît s'être trompé, lorsqu'il a dit que le subligaculum des acteurs romains était un pantalon comme nous disons aujourd'hui, Mongez, Inst. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 298. Les anciens préjugés renaissent ; On va quitter les pantalons, Béranger, Vieux habits. La redingote bleue et l'étroit pantalon, Le gilet haut croisé, les bottes sans talon, Et ce large col noir, dont la ganse impuissante Dissimule si mal une chemise absente, Barthélemy Et Méry, la Corbièréide, chant III, les Mouchards.

    Pantalon à pieds, pan talon qui a des pieds comme les bas.

  • 6La première des figures qui composent le quadrille ordinaire, et qui comprend les pas figurés suivants 1° chaîne anglaise entière (8 mesures) ; 2° le cavalier et la dame balancent l'un à l'autre et font un tour de main (8 mesures) ; 3° chaîne des dames (8 mesures) ; 4° grand rond en pas de galop (8 mesures) ; les quatre autres danseurs font la même chose à leur tour. Le pantalon se dansait un peu différemment au commencement de ce siècle, c'est-à-dire qu'à la 4e partie, au lieu du grand rond en galop, on faisait une demi-queue du chat, et une demi-chaîne anglaise.
  • 7Une des moyennes sortes de papier qui se fabriquent aux environs d'Angoulême, marquée ordinairement aux armes d'Amsterdam, parce qu'elle était presque toute destinée pour les marchands hollandais.

HISTORIQUE

XVIe s. En un coing est peint un Pantalon à barbe grise, qui tire en arriere un capitaine…, D'Aubigné, Faen. IV, 19. Vestus en pantalon avec les postures de l'Aretin, D'Aubigné, Hist. III, 175. Et après que les Pantalons [badauds de Venise] avoyent demeuré demy heure la bouche beante de quatre doigts…, D'Aubigné, Conf. II, 111.

ÉTYMOLOGIE

Le pantalon vêtement a été ainsi nommé parce qu'il était en usage chez les Vénitiens nommés eux-mêmes Pantalons, à cause que santo Pantalone était très honoré parmi eux. Pantalone ou Pantaleone représente pantelemone, de pant… et ἐλεημὼν, miséricordieux : tout miséricordieux.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PANTALON. Ajoutez :
8 Fig. Faire pantalon, ne pas atteindre le bas du papier. Il se trouve toujours bien une anecdote sur Talma pour combler le vide, et éviter que la colonne commencée ne fasse pantalon, c'est-à-dire n'atteigne pas le bas de la page, Th. Gautier, Feuilleton du Journ. offic. du 10 juill. 1866.