« rate », définition dans le dictionnaire Littré

rate

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rate [1]

(ra-t') s. f.
  • 1 Terme d'anatomie. Viscère situé dans l'hypocondre gauche, sous les fausses côtes. Ce qui marque une intempérie dans le parenchyme splénétique, c'est-à-dire la rate, Molière, Mal. imag. II, 9. Au milieu du souper, Cadoc se plaignit d'un mal de rate violent, Voltaire, Zadig, 2.

    Vous avez bon foie, Dieu vous sauve la rate, se dit ironiquement à celui qui tient quelque discours ridicule et peu vraisemblable.

    Populairement. Il ne se foule pas la rate, voy. FOULER, n° 8.

  • 2Dans l'ancienne physiologie, la rate était regardée comme le siége de la bile noire ou atrabile ; de là le rôle que l'opinion vulgaire lui faisait jouer dans la bonne ou la mauvaise humeur ; on disait que la rate envoie des fumées, des vapeurs au cerveau. Je n'aurais pas ces bons intervalles dont vous voyez que je jouis quelquefois, et, au lieu que je guéris les autres du mal de rate [les fais rire], j'en mourrais moi-même, Voiture, Lett. 58. La troisième [maladie appelé hypocondriaque]… laquelle procède… particulièrement de la rate, dont la chaleur et l'inflammation porte au cerveau de notre malade beaucoup de fuligines épaisses et crasses, dont la vapeur noire et maligne cause dépravation aux fonctions de la faculté princesse, Molière, Pourc. I, 11. Je vous demande pardon, mon cousin, je ne suis pas si traitable sur son absence [de Mme de Grignan] que sur la vôtre ; sa Provence me désole, et ma rate se mêle dans toutes nos séparations, Sévigné, à Bussy, 19 mai 1677. Qu'est-il donc arrivé de funeste à Mélanthe ? rien au dehors, tout au dedans ; ses affaires vont à souhait, tout le monde cherche à lui plaire ; quoi donc ? c'est que sa rate fume, Fénelon, t. XIX, p. 449.

    Familièrement. Épanouir la rate, désopiler la rate, dilater la rate, divertir, faire rire. Je crois que cela [une plaisanterie] ne vaut rien du tout à écrire ; mais cela se présenta follement à la rate de votre pauvre frère, Sévigné, 16 oct. 1680. Tu épanouiras la rate de tous mes sujets, Voltaire, Dial. 27. Un rédacteur plaisant vous aurait dilaté la rate outre mesure, Grimm, Corresp. t. II, p. 17.

    On dit aussi avec le pronom personnel Il aime à s'épanouir la rate. La Puisieux s'en est épanoui la rate [d'une petite méchanceté faite par Mme de Sévigné à Mme d'Arpajon], Sévigné, 13 mars 1671. Je ne sais vraiment pas quel sujet vous croyez avoir de vous tant épanouir la rate, Dancourt, Chev. à la mode, IV, 2.

    Décharger sa rate, dire ce qu'on a sur le cœur. Il faut qu'enfin j'éclate, Que je lève le masque et décharge ma rate, Molière, F. sav. II, 7.

HISTORIQUE

XIIIe s. Levez-vous sus, dame Hersent, Fetes li un petit de haste [broche] De deux roignons et d'une rate, Ren. 250.

XVIe s. Cest humeur est attiré par la rate pour la nutrition d'icelle et expurgation du sang, Paré, Introd. 6.

ÉTYMOLOGIE

Génev. râte ; du néerland. rate, rayon de miel (que d'ailleurs Diez rapporte au latin radius, rayon de miel), par comparaison avec la texture lâche et celluleuse de la rate.