« sceptique », définition dans le dictionnaire Littré

sceptique

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sceptique

(sè-pti-k') adj.
  • 1Il se dit d'une secte de philosophes anciens, les pyrrhoniens, dont le dogme principal était de douter de tout, et, par extension, de ceux qui, chez les modernes, suivent les doctrines pyrrhoniennes, ou qui professent le doute philosophique. Le sceptique philosophe Bayle a été persécuté, même en Hollande ; la Mothe le Vayer, plus sceptique et moins philosophe, a été précepteur du roi Louis XIV et du frère du roi, Voltaire, Dict. phil. Contradiction. Le mot sceptique, qui est grec dans son origine, signifie proprement contemplatif, c'est-à-dire un homme qui balance les raisons de part et d'autre, sans décider pour aucun côté, Diderot, Opin. des anc. philos. scepticisme.

    Qui a rapport à cette secte. Philosophie sceptique. Maximes sceptiques.

  • 2Qui affecte le doute sur toute chose. D'Alembert : Sceptique je me serai couché, sceptique je me lèverai. - Diderot : sceptique ? est-ce qu'on est sceptique ? Diderot, Mém. Entret. d'Alemb. Non ; du sceptique Harold le doute est la doctrine ; Le croissant ni la croix ne couvrent sa poitrine, Lamartine, Harold, 10.
  • 3 Substantivement. Comme personne jusque-là n'avait fait profession de douter absolument de toutes choses, c'est ce qui a été cause que Pyrrhon a passé pour l'auteur et le chef de tous les sceptiques, Fénelon, Pyrrhon. M. Hume, ce fameux sceptique, est aussi honoré parmi eux [les Anglais] que l'homme le plus soumis à la foi, Voltaire, Dial. 30. Qu'est-ce qu'un sceptique ? c'est un philosophe qui a douté de tout ce qu'il croit, et qui croit ce qu'un usage légitime de sa raison et de ses sens lui a démontré vrai, Diderot, Pens. philos. n° 30. Mais du Dieu trois fois saint notre injure est l'injure ; Faut-il l'abandonner au mépris du parjure, Aux langues du sceptique ou du blasphémateur ? Lamartine, Harm. I, 6.
  • 4La sceptique, la doctrine des pyrrhoniens. Ils [les pyrrhoniens] se sont encore voulu aider de certaines façons de parler qui leur étaient particulières ; ce sont celles qu'on a nommées les voix de la sceptique, comme : je ne sais, cela peut être, je ne le comprends pas, etc. La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Pyrrhon.

HISTORIQUE

XVIe s. Les autres… disoient que l'on pouvoit disputer de toutes choses… et s'appelloient sceptiques, Bonivard, Amartigenée, p. 159.

ÉTYMOLOGIE

Σϰεπτιϰὸς, de σϰέπτεσθαι, voir, considérer ; de même radical que le lat. specere, spectare (voy. SPECTACLE).