« déraison », définition dans le dictionnaire Littré

déraison

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déraison

(dé-rè-zon) s. f.
  • Manque, absence de raison dans les paroles ou les actions. Qu'est-ce que le péché, sinon une erreur et une déraison ? Fénelon, t. III, p. 317. La raison parfaite va plus loin : elle supporte en paix la déraison d'autrui, Fénelon, Dial. des morts anc. Socr. Alcib. et Timon. Cela nous paraîtra d'une grande déraison, Montcrif, dans DESFONTAINES. Qui t'anime aujourd'hui ? par quelle déraison Rappeler les malheurs de toute ma maison ? Lemercier, Agamemnon, IV, 5.

HISTORIQUE

XIIe s. Tel poesté ne puet nul chardenaus aveir ; Par mei n'aura nul d'els de desraisun poeir, E poesté de pape n'aura par mun voleir, Th. le mart. 56.

XIIIe s. Certes, moult est laide chose et vilaine, que il est de çaiens forclos, et moult i est grans la mesproison por vous, et la desraisons de che que il oncques le fust, H. de Valenciennes, XVIII. Et cil monstrerent la besoigne et la desraison que lor dame lor faisoit, Chron. de Rains, 228. Seigneur, vous iestes tout mi home, et je suis vostre sires… et vous ai moult amés… et donné du mien largement, et ne vous fis onkes tort ne desraison, ains vous ai toujours menés par droit, ib. 147. [On blâme une dame] De la desraison qu'ele fait, Qui loial amant morir lait [laisse], Bl. et Jeh. 1007. En tex [tels] dons n'a pas desreson, la Rose, 8266. Oiez, prelat et prince et roi, La desreson et le desroi Qu'on a fet à mestre Guillaume, Rutebeuf, 71.

XIVe s. N'oncques puis je ne m'assenti De faire à nulluy desraison, N'autre chose contre raison, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 33.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et raison ; provenç. desrazo ; ital. disragione.