« guéridon », définition dans le dictionnaire Littré

guéridon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

guéridon

(ghé-ri-don) s. m.
  • 1Table ronde à un seul pied, sur laquelle on place des flambeaux, des porcelaines, etc. Elle a fait donner mille louis pour des perles ; elle a fait donner tous les chenets, les plaques, chandeliers, tables et guéridons d'argent qu'on peut souhaiter, Sévigné, 433. Un impertinent le [Ménage] félicitait de ce qu'il donnait tous les soirs le feu et les chandelles à son assemblée, et, demandant encore s'il ne tenait pas aussi table, il lui répondit que non, et qu'il ne tenait que guéridon, Anti-menagiana, p. 139. Guéridon était de tous les mots celui dont il [Ménage] eût le plus donné à qui en eût trouvé l'étymologie ; c'était l'Eurydice de cet Orphée, qu'il serait allé chercher jusqu'aux enfers, ib. p. 64.
  • 2Il a signifié une pièce de bois ronde. Pour les guéridons, morceaux de noyer, et autres d'épaisseur, ils seront réduits à la toise, chaque toise composée pour deux morceaux, et les droits seront payés comme dessus, Décl. 22 octob. 1715, Tarif.

ÉTYMOLOGIE

Origine inconnue. D'après Richelet, guéridon est un mot apporté d'Afrique par les Provençaux, qui, d'abord pris pour un nom d'homme, donna lieu à une chanson très répandue : Guéridon est mort ! Depuis plus d'une heure Sa femme le pleure ; Hélas Guéridon ! et qui finalement fut attribué au petit meuble ainsi nommé.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GUÉRIDON. - ÉTYM. Ajoutez : M. J. Depoin, dans le Courrier de Vaugelas, 1er juin 1876, p. 1, a réuni des renseignements qui avancent notablement l'histoire de ce mot. D'abord il rapporte une note de M. de Monmerqué au sujet de deux facéties du temps de la régence de Marie de Médicis : « La première est intitulée : Les folastres et joyeuses amours de Gueridon et Robinette, Paris, 1614, in-8. La seconde a pour titre : Ballet des Argonautes, où est représenté Guelindon dans une caisse, comme venant de Provence, et Robinette dans une gaîne, comme estant de Chastellerault. Ce jeudi vingt-troisième jour de janvier au Louvre. Paris, 1614, in-8. Ce ballet est indiqué dans l'ouvrage du duc de la Vallière, 1760, in-8, p. 49 (dans TALLEMANT DES RÉAUX, t. III, p. 140, éd. Garnier). » Guelindon est une autre forme de guéridon. Ainsi, dans le commencement du XVIIe siècle, guéridon était un nom propre, le personnage d'une nouvelle et même d'un ballet. De là guéridon devint le nom d'une sorte de vaudeville ; c'est ce que nous apprend le même Tallemant dans ce passage cité par M. J. Depoin : « Il dit qu'un homme de sa connaissance avait mis toute la Bible en vaudevilles qu'on appela guéridons, et il en sait quelques vers qu'il a bien la mine d'avoir faits. » Maintenant un chaînon nous manque pour passer de guéridon vaudeville à guéridon meuble. M. Ed. Fournier (le Voleur, 25 juin 1875, cité par M. Eman Martin, Courrier de Vaugelas, 1er nov. 1875, p. 100) dit que « guéridon est un personnage de ballet qui avait le triste rôle de tenir à la main un flambeau, pendant que les autres tournaient autour de lui en s'embrassant. Il va sans dire qu'on s'arrangeait toujours de manière que cet emploi ne fût pas dévolu aux jolies femmes. Quand l'usage des petits meubles destinés à porter un flambeau s'introduisit dans les appartements, on les appela guéridons en souvenir du pauvre patient dont c'était l'office à la danse. Cela est si vrai qu'on donne le même nom aux candélabres qui ne servent que dans les grands appartements, dans les palais, et qui, soutenus par des gaînes ou par des groupes d'enfants, sont destinés à porter des girandoles et des arbres de lumières. » Malheureusement, M. Fournier ne cite aucun texte à l'appui. Toutefois on conçoit qu'un nom devenu populaire par un roman et par un ballet ait été attribué à un meuble. À ce point, en remontant, on demandera d'où vient guéridon, qui primitivement est nom propre. Dans les Folastres amours de Gueridon et Robinette, Gueridon est un Provençal, de Marseille. Cela donne quelque crédit à l'opinion de Richelet, qui dit que guéridon est un mot apporté d'Afrique par les Provençaux.