« cagnard », définition dans le dictionnaire Littré

cagnard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cagnard, arde

(ka-gnar, gnar-d' ; le d ne se lie pas : ka-gnar et indolent ; de même au pluriel : ka-gnar et indolents ; d'autres prononcent l's, disant : ka-gnar-z et indolents) adj.

Terme du langage familier.

  • 1Qui a la fainéantise du chien. Un homme cagnard. Une vie cagnarde.

    Substantivement. C'est un cagnard. Gens aimant leurs foyers et qu'on nomme cagnards, Hauteroche, Nobles de province, V, 1.

    Populairement, lâche, poltron.

  • 2 S. m. Sorte de fourneau du cirier

    Terme de marine. Abri fait sur le pont d'un navire, au moyen d'une toile goudronnée, pour les matelots de service qui veulent se préserver de la pluie et du froid.

HISTORIQUE

XVIe s. Comment osez vous presumer, Cagnars, bejaulnes, decongneuz, Par vos faux blasons diffamer Les vaisseaux dont estes venuz, Marot, J. V, 304. En un si long voyage, vous serez arresté miserablement en un caignard [coin], où tout vous manquera, Montaigne, IV, 115. Il vit une grosse et potelée cagnardiere demandant l'aumosne à la porte d'un temple un dimanche, Paré, XIX, 22. Quant au mot de caignard, cela depend d'une histoire dont je puis estre temoin ; de tant qu'en ma grande jeunesse, ces faineants avoient accoustumé au temps d'esté de se venir loger sous les ponts de Paris… ce lieu estoit appelé le caignard, Pasquier, Recherches, VIII, 42.

ÉTYMOLOGIE

Cagne, usité encore dans le XVIIe siècle pour chienne et prostituée ; de l'italien cagna, chienne, de cane, chien (voy. CHIEN).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CAGNARD. Ajoutez :
3 Nom, en Normandie du réchaud, H. Moisy, Noms de famille normands, p. 52.
4Jeter aux cagnards, locution qui n'est plus usitée et qui signifie abandonner avec mépris. Je ne me rappelle pas bien les preuves ; mais il s'ensuivrait que les gens de génie sont détestables, et que, si un enfant apportait en naissant, sur son front, la caractérisque de ce dangereux présent, il faudrait ou l'étouffer ou le jeter aux cagnards, Diderot, Neveu de Rameau, éd. Assézat, t. V, p. 393.

Jeter aux cagnards et, mieux, jeter au cagnard, c'est jeter dans le lieu, sous les ponts de Paris, où les fainéants, les vagabonds se réunissaient (voy. CAGNARD à l'historique).