« convoiter », définition dans le dictionnaire Littré

convoiter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

convoiter

(kon-voi-té) v. a.
  • 1Désirer avidement. Il ne faut point convoiter le bien d'autrui.

    Absolument. Voilà comment j'appris à convoiter en silence, à me cacher, à dissimuler, à mentir, à dérober enfin, Rousseau, Confess. I.

  • 2En particulier, désirer une femme. Vous épousez ma fille, et convoitez ma femme, Molière, Tart. IV, 7.

    Absolument. La chair convoite contre l'esprit, Bossuet, Dang. 1. Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte, Molière, Tart. III, 2.

    PROVERBE

    Qui tout convoite tout perd.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais li vilains dit plainement : Que qui tot coveite tot pert, Benoit de Sainte-Maure, t. I, p. 414, V. 9597. Naboth de Jezrael out une vigne veisine e mult près del paleis lu rei Achab ; e li reis la cuveitad, Rois, 329.

XIIIe s. Car fors à estre as chans [champs] mout durement [elle] convoite, Berte, XXIX. Cascuns estoit convoitans et desirans de conquerre ses anemis, H. de Valenciennes, VI. Qui tout convoite tout piert, Chr. de Rains, 238. Quant li quens Ferrans l'oï ensi parler, si le creut come fols que il fu, et convoita la terre, et quida trop grant cose de soi, ib. 144. Voir dist li livres et savoir : Qui tot covoite trestot pert, Ren. 14391. Sachiés que nul à droit n'i va, Ne n'a pas entencion droite, Qui sans plus delit y convoite, la Rose, 4440. Car c'est la riens [chose] qu'il plus convoite, ib. 3310. Et si disons noz de celles desqueles la compaignie est convoitie por lor joneche ou por lor biaté, Beaumanoir, 41. Il covoita à oïr lor canchons et à veir quix gens c'estoient, Beaumanoir, LXIX, 21. Ne convoite pas sus ton peuple, ne charge pas de toute [maltôte] ne de taille, Joinville, 300.

XIVe s. Affin que, par la resgarder, l'en ne fust tempté de la [Hélène] convoiter, car elle estoit très belle, Oresme, Eth. 55. Comme il se fait mauvais meller de larrechin, Ne convoitier aussi la femme à son voisin, Baud. de Seb. VII, 742. Quand ung bon esprevier a chacié une aloe bas et hault, et il l'a laissie si hault comme on puet regarder, et ung autre esprevier la convoitte et on le laisse aler…, Modus, f° CI.

XVe s. Et le roi leur envoyoit grand et grand argent pour payer leurs frais et despartir à ces seigneurs d'Allemagne qui ne convoitoient autre chose, Froissart, I, I, 66. Tel convoite qui a assez, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 420.

XVIe s. À qui suffit ce que Dieu donne, Plus a que tel porte couronne ; Fol est qui convoite autrui terre Pour tousjours demeurer en guerre, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 230. Qui plus a plus convoite, Leroux de Lincy, ib. p. 402.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, cowèter ; provenç. cobeitar, cubitar ; catal. eopdiciar ; espagn. codiciar ; portug. cubicar ; ital. cubitare ; mot formé du bas-latin cupiditia (voy. CONVOITISE).