« emplette », définition dans le dictionnaire Littré

emplette

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

emplette

(an-plè-t') s. f.
  • 1Action d'employer une somme d'argent en achats. Ce sens, qui est le primitif, a vieilli.

    Être en emplette, se disait autrefois d'un marchand qui était en voyage pour acheter ce qui lui était nécessaire. Son mari donc se trouvant en emplette, La Fontaine, Fais.

    On dit encore aujourd'hui : Faire ses emplettes, aller aux emplettes dans les villes de fabrique.

    Être de bonne emplette, être bon à acheter ; et fig. en parlant des personnes, avoir bon air. La dame était de bonne emplette encore, La Fontaine, Berc.

  • 2Aujourd'hui en un sens plus restreint, achat de marchandises, d'objets de peu de conséquence ou d'usage et de service ordinaire. J'ai su là-bas que pour quelques emplettes Éliante est sortie et Celimène aussi, Molière, Mis. I, 2. Un bloc de marbre était si beau Qu'un statuaire en fit emplette, La Fontaine, Fabl. IX, 6. Il s'embarqua à Livourne pour Londres, quoique dans un âge déjà fort avancé, et il alla de Londres à Amsterdam, finir ses savantes emplettes, Fontenelle, Marsigli. Des fleurs de votre teint Où faites-vous emplette ? Béranger, Lisette.
  • 3L'objet acheté. Montrer ses emplettes. Tout allait bien, quand leur emplette, En passant par certains endroits, Remplis d'écueils et fort étroits Et de trajet fort difficile, Alla toute emballée au fond des magasins Qui du Tartare sont voisins, La Fontaine, Fabl. XII, 7.

REMARQUE

L'usage permet qu'on dise faire emplette d'un objet, sans article.

SYNONYME

EMPLETTE, ACHAT. Achat est plus général, il peut se dire non-seulement des objets considérables, mais aussi des menus objets ; au lieu que emplette ne peut se dire que de ceux-ci. J'ai fait l'achat ou l'emplette d'un chapeau ; mais j'ai fait l'achat et non l'emplette d'une maison, d'un domaine.

HISTORIQUE

XVe s. Les marchans qui estoient alez audit pays de Bourgongne pour faire leurs amplettes, J. de Troyes, Chron. 1467.

XVIe s. Comme une vaine monnoye inutile à tout aultre usage et emploite qu'à compter et jecter, Montaigne, I, 43. Si j'amasse, ce n'est que pour l'esperance de quelque voisine emploite, Montaigne, I, 317. L'employte [acquisition] de la science est bien plus hazardeuse que de toute aultre viande ou boisson, Montaigne, IV, 194. Marchands qui vont à l'emploicte, sont tousjours bien garnis et montés, Carloix, IV, 17. Et lui faschoit d'avoir perdu sa femme si tost, la quelle estoit encore de bonne emploite, Despériers, Contes, X. Un marchant qui seroit asseuré de cent escus en achapt de draps y perdre mille escus, se gardera très bien d'y faire emploicte, ny d'en desbourcer un denier, Froumenteau, Finances, 3e livre, p. 437.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. empleytar, acheter ; bas-lat. implicare, dépenser, implicita, dépense. Emploicte, ancienne forme, est l'équivalent exact d'implicita, d'implicare (voy. EMPLOYER), et signifie proprement la somme employée à l'achat.