« fourche », définition dans le dictionnaire Littré

fourche

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fourche

(four-ch') s. f.
  • 1Instrument à long manche, muni, au bout, de deux, trois, ou un plus grand nombre de dents aiguës, droites ou courbées, et qui sert à remuer le fumier, les fourrages, et même à faire les gerbes. Fourche de bois. Fourche de fer.

    Fourche de jardinier, fourche en fer, à fourchons recourbés en dedans, et servant à rompre les mottes de terre quand on sème les graines.

    Fig. et familièrement. Faire quelque chose à la fourche, le faire négligemment, grossièrement. À peine à ces propos eut-il fermé la bouche, Qu'il entre à l'étourdie un sot fait à la fourche, Régnier, Sat. X.

    Passer les chevaux à la fourche, les panser mal, les battre au lieu de les étriller.

    Être traité à la fourche, être traité avec dureté ou d'une manière humiliante (ces locutions, surtout la dernière, vieillissent).

    Fig. Prendre une fourche, chasser sans ménagement. S'il osait encore revenir, je prendrais une fourche.

  • 2Disposition en forme de fourche, c'est-à-dire disposition d'un objet qui offre deux dents ou divisions. Que d'un bois fait en fourche on décore mon front, Hauteroche, App. trompeuses, I, 12. Nous plaçâmes horizontalement dans la fourche de ces piquets une longue perche, Chateaubriand, Voy. Amér. les Onondagas.

    Fig. Je me trouvais ainsi [lors du projet de mariage de la duchesse de Berry] dans la fourche fatale de voir dès maintenant, et plus encore dans le règne futur, ce qui m'était le plus contraire, ou ceux à qui j'étais le plus attaché, sur le pinacle ou dans l'abîme, Saint-Simon, t. VIII, p. 216, éd. CHÉRUEL.

    Bois fourchu. On passe dans le col de chaque esclave une fourche de bois de huit à neuf pieds de long ; une cheville de fer rivée ferme la fourche par derrière, de manière que la tête ne puisse pas passer, Raynal, Hist. phil. XI, 17.

    Terme de marine. Se dit de deux mâts ou mâtereaux réunis vers le sommet pour élever des fardeaux.

    Autrefois fourche d'arquebuse, bâton garni d'un fer fourchu dont on se servait pour appuyer le mousquet en tirant.

    Terme de vénerie. Bâton à deux branches auquel on attache le forhu pour faire la curée.

    Fourche à blaireau, fourchette à deux fortes dents de fer pour arrêter les blaireaux.

    Faire la fourche, une fourche, se dit d'un chemin, d'une rivière qui se bifurque.

    Terme de musique. Faire la fourche, disposer, sur un instrument à vent, les doigts, de manière que le doigt du milieu étant levé, l'index et l'annulaire bouchent chacun un trou.

  • 3Fourches patibulaires, gibet à plusieurs piliers élevé dans la campagne. Étienne Pasquier remarque que les fourches patibulaires de Montfaucon ont porté malheur à tous ceux qui s'en sont mêlés, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 61, dans POUGENS.
  • 4Fourches caudines, défilé long et étroit où l'armée romaine prise par les Samnites ne fut lâchée qu'après avoir passé sous le joug (l'an de Rome 433).

    Fig. et familièrement. Passer par les Fourches caudines, subir des conditions humiliantes. Berwick passa, comme ses confrères, sous les Fourches caudines, le jour même de la jonction de son armée pour laquelle il prit l'ordre du duc de Vendôme, Saint-Simon, 208, 45.

    On dit aussi absolument dans le même sens. Passer sous la fourche.

  • 5 Terme de pêche. Instrument qui sert à prendre le poisson en l'enferrant.
  • 6Longue perche armée d'un demi-cercle au bout, dont les marchands se servent pour mettre et ôter les étalages qu'ils pendent sur le devant de leurs boutiques.
  • 7Les deux branches de la mandibule inférieure des oiseaux.
  • 8 Terme de blason. La queue du lion, lorsqu'elle est divisée en deux.
  • 9 S. f. plur. Petits abcès qui viennent aux doigts et aux mains des gens de travail.

HISTORIQUE

XIIe s. Ansi l'on fait as forches contre-mont sus lever [pendre au gibet], Ronc. p. 197. … Ne crient [ne craint] ne mort ne furkes ne turment, Th. le mart. 31. E si alcuns les volt baillier [protéger les malfaiteurs], od furche e od fer les estut abatre, e vers sei sachier, Rois, p. 211.

XIIIe s. Sor un haut mont en un rochier Fet li rois les forches drecier Por Renart pendre le gorpil, Ren. 11096. Une forche tint en ses mains ; Si le feri parmi les rains, Par un pour ne l'a abatu, ib. 10389. Et aussi entendons noz de cix [ceux] qui abatent les fourques et qui despendent les pendus, Beaumanoir, XXXI, 17. Après rastel n'a mestier fourche [il n'est besoin de fourche], Leroux de Lincy, t. I, p. 73.

XIVe s. Si dient qu'il seroit à fourques boins pendus, Pour le grant larrecin qui de lui est issus, Baud. de Seb. x, 678.

XVIe s. Ilz ont pour la marque de leur monnoye le trident, qui est une fourche à trois fourchons, l'enseigne de Neptune, Amyot, Thés. 6. Le prince de Condé, le premier parti, autheur de l'armée redoutable, fut traitté à la fourche [durement], quand des le commencement on le priva du gouvernement de Picardie, D'Aubigné, Hist. II, 219.

ÉTYMOLOGIE

Bourguign. forche ; picard, fourque ; Berry, forche ; wallon, foge ; prov. forca ; espagn. horca ; ital. forca ; du lat. furca.