« marguerite », définition dans le dictionnaire Littré

marguerite

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

marguerite

(mar-ghe-ri-t') s. f.
  • 1En style d'Écriture sainte, perle. Il ne faut pas jeter les marguerites devant les pourceaux, c'est-à-dire il ne faut pas publier devant les profanes les mystères des choses sacrées (Évang. saint Math. VII, 6).

    Jeter des marguerites devant les pourceaux, signifie aussi parler de belles choses devant des gens qui les méprisent parce qu'ils ne les connaissent pas.

    En général, des marguerites devant des pourceaux, se dit de ce qui est beau, élevé, digne, devant des indignes. Il ne me paraît pas qu'il ait l'ombre d'un tort à l'égard de la dame et du domestique de la maison dont il est sorti ; c'était des marguerites devant des pourceaux ; on n'était pas digne de lui, Sévigné, 9 avr. 1683. On ne tardera pas à voir comment on se trouve de jeter les marguerites devant les pourceaux, Saint-Simon, 454, 137.

    Marguerite n'est usité au sens de perle que dans la locution ci-dessus.

  • 2Marguerite, ou petite marguerite, ou pâquerette, bellis perennis, L. synanthérées.

    Petite fleur blanche ou rouge, ou blanche et rouge, que porte cette plante. J'ai vu la marguerite étalant ses beautés, Son cercle émaillé d'or, ses rayons enchantés, Saint-Lambert, Saisons, I.

    Reine marguerite, plante du genre des asters, qui nous a été apportée de la Chine ; c'est le nom vulgaire de l'aster chinensis, L., le callistephe chinensis, Cassini. On dit aussi marguerite reine, marguerite d'Espagne.

    Grande marguerite, ou marguerite de la Saint-Jean, chrysanthemum leucanthemum, L. synanthérées.

    Marguerite dorée, chrysanthemum segetum, L.

    À la franche marguerite, se dit d'un amant qui effeuille une marguerite pour savoir s'il est aimé. Marguerite, Fleur petite, Rouge au bord, verte autour, Dis le secret de mes amours, Chanson popul. norm. dans LE HÉRICHER, Hist. et Gloss. t. II, p. 463.

  • 3S. f. pl. Les premiers poils blancs qui paraissent sur les tempes des chevaux à la suite de l'âge.
  • 4Les Marguerites françaises, nom qu'on donnait autrefois à un livre contenant les beaux compliments. Il faut remarquer que marguerite est le nom d'une fleur et que par métaphore on appelait autrefois marguerites les discours fleuris, les compliments d'un tour relevé ou étudié, Bayle, Dict. Marguerite, sœur de François 1er, note N.
  • 5 Terme de marine. Cordage qui, fixé à un point donné d'un autre, aide celui-ci à exécuter la manœuvre qu'il doit faire.

    Nœud qu'on fait sur une manœuvre, pour agir avec plus de force.

  • 6Voy. ROULETTE 1.

REMARQUE

Pautex demande pourquoi l'Académie, écrivant reine-claude avec un tiret, écrit reine marguerite sans tiret. À la lettre R, l'Académie, citant reine marguerite, y met, cette fois, un tiret.

HISTORIQUE

XIIIe s. Grenaz, topaces, Rubis jagonces, marguarites [perles], Rutebeuf, 252.

XVe s. Et lors de flours petites, Violetes et margherites Semoie desus le tapis, Froissart, Espinette amoureuse.

XVIe s. Croyez hardiment, sire, qu'ils y procedent à la franche marguerite [franchement], Carloix, IV, 9. Il nous desfend de semer les marguerites devant les pourceaux, Palissy, 8. Par un commun proverbe, on dit celui-là vivre à la franche marguerite, qui conduit rondement et sans tromperie ses deportements, Pasquier, Lettres, XXII, 5 (cité par FEUGÈRE, Glossaire d'Ét. Pasquier).

ÉTYMOLOGIE

Wallon, margriète ; du lat. margarita, perle, la fleur ayant été comparée à une perle. Le grec μαργαρίτης, d'où le latin margarita, paraît venir du persan mervarid, perle. Margarita est vox barbara, dit Pline, IX, 35 ; et J. Grimm le tire de l'anglo-saxon meregrôt, caillou de mer. Mais l'origine persane d'un mot grec (μαργαρίτης) est plus probable qu'une origine germanique ; et barbara convient aussi bien à la langue des Perses qu'à celle des Germains.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MARGUERITE. Ajoutez :
7 Les Marguerites, filles qui se repentent de leurs fautes et se retirent dans une maison cloîtrée, Journ. offic. 26 août 1874, p. 6174, 1re col.