« merde », définition dans le dictionnaire Littré

merde

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

merde

(mèr-d') s. f.
  • 1Terme bas et grossier. Excrément de l'homme et de quelques animaux. Ces intestins, s'il est permis de le dire, sont remplis de merde, Voltaire, Oreilles, 7. Nous n'approuvons pas la simplicité de ceux qui traduisent stercore par de la merde ; c'est le mot propre, disent-ils ; oui, mais la bienséance et l'honnêteté sont préférables au mot propre, quand la fidélité de la traduction n'en est point altérée, Voltaire, Philos. Remontrances à Rustan. À Rome, on ne se faisait point difficulté de parler de merde ; Horace, le délicat Horace et tous les poëtes du siècle d'Auguste en parlent en cent endroits de leurs ouvrages, Comte de Caylus, Mém. de l'Acad. de Troyes, Œuvr. t. XII, p. 20, dans POUGENS.

    Fig. De merde, se dit grossièrement pour qualifier ce qu'on déprécie. Voilà de beaux rameurs de merde ! Il faut donc que le prix se perde ? Scarron, Virg. V.

    Plus on remue la merde, plus elle pue, c'est-à-dire il ne faut pas approfondir une affaire où il y a du crime, de l'ordure, de la déshonnêteté.

    Il y a de la merde au bâton, au bout du bâton, se dit d'une affaire où il y a quelque chose de honteux.

    Merde ! interjection qui se dit pour refuser énergiquement.

  • 2Couleur merde d'oie (on prononce mèr-doîe), couleur qui ressemble à celle des excréments de l'oie, c'est-à-dire qui est entre le vert et le jaune. Taffetas merde d'oie. Ce que les minéralogistes ont nommé improprement mine d'argent merde d'oie, à cause des nuances très variées que présentent les différents oxydes dont ce fossile est mélangé, Fourcroy, Connaiss. chim. t. V, p. 139, dans POUGENS.
  • 3Merde à Gaillard, mélasse.
  • 4Merde de cormoran, nom donné par les pêcheurs à des substances desséchées et dures qui semblent être des varechs.
  • 5Merde du diable, nom donné quelquefois à l'assa foetida, à cause de sa fétidité.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et quant li vilains rien n'i voit, Lors quide [pense] que ce soit fantosme, Dont taste à sa main et si osme [flaire], Et sent que c'est merde qui put, Ren. 3839. Quant plus remuet on la merde, Et de plus put, Ce dist li vilains, Prov. du vilain, ms. de St-Germ. f° 76, dans LACURNE.

XIVe s. Tu me dois deux journées d'aoust, tu fais que mauvaise merde que tu les me dois tant, Du Cange, merda.

XVe s. Pol, tu les sers de merdes frites ; Je puisse estre ars en une forge, Se je ne te couppe la gorge, Mart. de S. P. et S. P. Ce seroit trop legiere paine : Soit lapidée à grosses pieres ; Car, par la foy que dey Saint Pierre, De telz merdes trop enduron, Myst. de Ste Geneviève.

XVIe s. La merde de fer subtilement pulverisée en vinaigre très fort, Paré, XI, 17. Faut-il [c'est Hérode qui parle] qu'un royaume se perde, Qui à garder m'a tant cousté, Et qu'il me soit ainsi osté Par un petit enfant de merde ? Les marguerites de la marguer. f° 116, dans LACURNE. À cul de foirard toujours abonde merde, Rabelais, Garg. I, 9. Celluy, disoit-il [Grandgousier, à propos de Gargamelle qui mangeait des tripes], a grande envie de mascher merde, qui d'icelle le sac mange, Rabelais, ib. I, 4. Un gentilhomme… m'avoit mandé, que, comme il leur [aux paysans huguenots] avoit remonstré.. qu'ils faisoient mal, et que le roy le trouveroit mauvais, qu'alors ils lui respondirent : Quel roy ? nous sommes les roys ; celuy-là que vous dites, est un petit reyot de merde ; nous lui donrons des verges, Montluc, l. V, éd. du Panthéon, p. 232.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. merga ; espagn. mierda ; ital. merda ; du lat. merda.