« nielle.3 », définition dans le dictionnaire Littré

nielle

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nielle [3]

(niè-l') s. f.
  • 1Maladie des grains qui convertit l'épi en une poussière noirâtre, et qui est produite par deux espèces de champignons parasites, uredo carbo, DC. et uredo caries, DC., On l'appelle aussi charbon, carie. Lorsqu'il viendra sur la terre, ou famine, ou peste, ou corruption de l'air, ou que la nielle, la sauterelle, ou quelque maligne humeur gâtera les blés, Sacy, Bible, Rois, III, VIII, 37.
  • 2Nielle des arbres, nom que l'on a, à tort, donné à la rouille et au blanc des arbres. La nielle se met aussi sur le pied et sur les feuilles de melon, sur la chicorée et sur les concombres, et elle les fait périr, La Quintinye, dans RICHELET.
  • 3 Terme de marine. Sorte de fermentation qui détériore les toiles à voile.

REMARQUE

Il ne faut pas décomposer nielle qui vient de nebula, en ni-è-l', comme on fait pour nielle, plante, qui vient de nigella ; dans le premier, niel est une diphthongue ; dans l'autre il y a deux voyelles distinctes. Toutefois Saint-Lambert a dit ni-elle : Achève tes bienfaits ; que la nielle impure, Les insectes, l'orage et les vents ennemis Respectent les présents que tu nous as promis, Saisons, II.

HISTORIQUE

XIVe s. Comme par brueillaz ou par niele, Guiart, dans DU CANGE, ninguidus. En France entour la Saint Jehan cheut sur les blez une rousée qu'on appelle nielle, dont ils furent si enmiellés que, quant on mettoit l'espi en sa bouche, il sentoit le miel tout proprement, Chr. de St-Denis, t. II, f° 25, dans LACURNE. Ce ne vault grain ars [brûlé] de niele, l'Alch. à nat. 524.

XVIe s. Satan, afin de priver l'eglise de ce thresor inestimable, l'a desja de longtemps obscurci, premierement par nioles et brouées, et puis apres par tenebres fort espesses, Calvin, Instit. 109, 3.

ÉTYMOLOGIE

Normand, nuile, nieule, nielle ; génev. niolle, petite pluie froide. On a rattaché nielle, maladie des blés, à nielle, plante ; mais il paraît y avoir seulement confusion par assimilation entre nielle, plante, et niele ou niolle, brouée, brouillard qui cause la maladie des plantes ; en ce sens nielle vient du latin nebula, nuage, brouillard (voy. NÈBLE et NEUBLE). Le normand a conservé la forme la plus voisine du latin. D'ailleurs le texte des Chroniques de St-Denis prouve que la nielle était une rosée. Oudin connaissait le sens précis de ce mot, puisque, dans son Dictionnaire, il traduit niellé par annebbiato.