« opium », définition dans le dictionnaire Littré

opium

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

opium

(o-pi-om') s. m.
  • 1Suc épaissi des capsules de diverses espèces du genre pavot et surtout du pavot somnifère (papaver somniferum, L.), qui nous vient de la Turquie et de la Perse en morceaux arrondis ou aplatis. L'opium est une substance narcotique, très vénéneuse à haute dose, calmante et soporifique à dose médicale. Après que l'opium a été recueilli, on l'humecte et on le pétrit avec de l'eau ou du miel, jusqu'à ce qu'il ait acquis la consistance, la viscosité et l'éclat de la poix bien préparée ; on le réduit en petits pains, Raynal, Hist. phil. III, 30. Le pavot blanc se cultive en grande quantité dans l'Inde et l'Orient ; après la floraison, on fait des incisions longitudinales aux capsules ; il en découle un suc laiteux qui se concrète facilement ; ce suc, ainsi devenu concret, constitue l'opium, Thenard, Traité de chimie, t. III, p. 365, dans POUGENS.

    Fig. L'armée était au Saussay, dans une tranquillité profonde, dont l'opium avait gagné jusqu'à M. le duc de Bourgogne, Saint-Simon, 213, 125. La dévotion est un opium pour l'âme, Rousseau, Hél. VI, 8.

  • 2L'opium est employé aussi comme un excitant du système nerveux, qui procure un sentiment momentané de bien-être. Les fumeurs d'opium. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'aujourd'hui même, les preneurs d'opium ou de haschisch se procurent, sous les haillons de la pauvreté et sans sortir d'une misérable taverne, un bonheur et des jouissances auxquels il ne manque que la réalité, Silvestre de Sacy, Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. IV, p. 61.

    Fig. Ils [les poëtes] versent… Cet opium divin que dans sa soif d'extase Le rêveur Orient puise en vain dans son vase, Lamartine, Joc. VI, 234.

REMARQUE

On a longtemps écrit et prononcé opion, témoin ces vers de Voltaire : L'opium peut servir un sage ; Mais, suivant mon opinion, Il lui faut, au lieu d'opion, Un pistolet et du courage ; et ces vers de Senecé : Lit-on du mal, c'est jubilation ; Lit-on du bien, des mains tombe le livre, Qui vous endort comme bel opion.

HISTORIQUE

XVIe s. L'odeur fascheuse du suc de pavot noir, qu'on appelle opion, fait qu'il est malaisé à mesler parmy le boire…, Paré, XXIII, 44.

ÉTYMOLOGIE

Ὄπιον, diminutif de ὀπὸς, suc : proprement petit suc. Ὀπὸς est de même radical que le latin sapa (voy. SÈVE), et l'allem. Saft, suc.