« poire », définition dans le dictionnaire Littré

poire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

poire

(poi-r') s. f.
  • 1Fruit à pépins, de forme oblongue, et plus grosse à la partie inférieure. Duhamel a laissé macérer une poire dans l'eau pendant deux ans pour en faire l'anatomie, Sennebier, Art d'observ. t. I, p. 238, dans POUGENS.

    Poire à deux yeux, espèce de poire dans laquelle l'œil est double.

    Poires d'Auch, poires sans pépins, d'un goût excellent.

    Entre la poire et le fromage, au dessert, à la fin du repas, au moment où l'on cause librement. Entre la poire et le fromage, je lui témoignai que je serais bien aise de voir quelqu'une de ses productions, Lesage, Gil Bl. VII, 13.

    Fig. Garder une poire pour la soif, conserver quelque chose pour le besoin. Le capitaine avait des bijoux qu'il gardait comme une poire pour la soif, Lesage, Guzman d'Alf. II, 10.

    Fig. La poire n'est pas mûre, se dit d'une opportunité qui n'est pas encore venue.

  • 2Poire molle, poire qui se ramollit, qui devient blette.

    Fig. Ne pas promettre poires molles, faire des menaces sévères, annoncer qu'on agira rigoureusement. La dureté de votre âme, qui, par ses continuels dédains, ne me promet pas poires molles, Molière, Comtesse, 15. On dit à propos de pape, que le cordelier Ganganelli ne promet pas poires molles à la société de Jésus, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 16 juin 1769.

  • 3Poire d'angoisse, voy. ANGOISSE.
  • 4Poire à poudre, espèce de petite bouteille de cuir bouilli, de corne, où l'on met la poudre de chasse.
  • 5Perle en poire, perle de figure oblongue comme les poires.

    Pendant d'oreille en forme de poire.

    Taille du diamant en poire à facettes ; on dit aussi poire à l'indienne.

  • 6Contrepoids de la balance romaine, parce qu'il a la forme d'une poire.
  • 7 En termes d'éperonnier, poires secrètes, sorte d'embouchure du mors d'un cheval.
  • 8Poire de terre, topinambour.

    Poire d'acajou, le fruit du cassuvium.

  • 9Plusieurs coquilles univalves : poire d'agate ; poire sèche.

HISTORIQUE

XIIIe s. Atant demourerent les paroles, et li quens n'oublia pas la poire au feu, Chr. de Rains, p. 14. Haï ! con me conduiriez, S'estoie en une enfermeté [en une maladie], Et con seroie à sauveté ! Vos me leriez poires moles, Ren. 10327. La cuisse d'ane mort font cent sous [en une famine] acater [acheter] ; Cinq sous vent-on la poire, quant on la peut trover, Ch. d'Ant. IV, 599.

XIVe s. Une poire d'or [petit flacon] à metire eaue roze, à un petit entonnoir d'or, De Laborde, Émaux, p. 455.

XVe s. Plus rebarbatifs que singes qui mangent poires, Froissart, II, II, 38. Poires d'angoisse ou de caillau pepin, très grosses, pour quatre deniers le quarteron, Journal de Paris sous Charles VI et VII, an 1440, p. 185 dans LACURNE.

XVIe s. Poires de bon-chrestien, Paré, XXIV, 22. Après s'y servit-on [aux espaliers] des petites poires musquées, De Serres, 655. La poire appelée à Paris de messire Jean est celle qu'en Dauphiné et Languedoc l'on nomme de coulis… la petite muscateline est la plus petite, la plus muscate, et la plus primeraine de toutes les autres ; la dorée, ainsi dite pour l'or dont elle est peinte du côté regardant le soleil… les blanquetes sont de diverses grandeurs, la plus grosse est surnommée de florence, estans toutes de semblable couleur, à sçavoir fort blanche, dont elles portent le nom… les muscateles sentent toutes le musc, au reste sont beaucoup differentes par entre elles… la brute-bonne porte le nom de sa figure mal-plaisante et de son goust très bon ; elle est grosse, meure au mois de juillet…, De Serres, 689. Des poires d'esté l'honneur est donné à la dorée ; de celles d'automne, à la bergamote ; et de l'hiver, au bon-chrestien, De Serres, 847. Qui avec son seigneur mange poires, il ne choisit pas des meilleures, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Berry, poise, pouèse ; genev. un poire ; ital. pera ; du lat. pirum.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

POIRE. Ajoutez :
10 Fig. et populairement, faire sa poire, avoir un air fier et important. M. D… fait sa poire parce qu'il est bien mis ; il a le moyen, tant mieux pour lui, Gaz. des Trib. 4 sept. 1874, p. 849, 1re col.
11Portion d'un battant de cloche qui frappe contre la cloche ; elle est ainsi nommée parce qu'elle a la forme d'une poire. Il [le battant d'une cloche de Rouen] avait 6 pieds 8 pouces de hauteur, et la poire mesurait 4 pieds 9 pouces de circonférence, Journ. offic. 16 juill. 1874, p. 4959, 3e col.