« égratigner », définition dans le dictionnaire Littré

égratigner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

égratigner

(é-gra-ti-gné) v. a.
  • 1Déchirer la peau avec les ongles, avec quelque chose de piquant. Les piquants du rosier l'ont égratigné.

    Fig. Il y a de certaines pensées qui égratignent la tête, Sévigné, 96.

  • 2Faire une légère blessure à l'amour-propre, aux sentiments, etc. Afin que nous n'ayons point peur que votre vertu nous égratigne, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 2. J'aime mieux un franc ennemi Qu'un bon ami qui m'égratigne, Arnault, dans le Dict. de POITEVIN.

    Légèrement médire.

  • 3 Terme rural. Labourer peu profondément.
  • 4Donner certaine façon à une étoffe de soie avec la pointe d'un fer. Égratigner du satin.

    Terme de passementerie. Découper les peaux.

  • 5S'égratigner, v. réfl. Se faire à soi-même une égratignure. Ulysse s'égratigna pour tromper ses ennemis, Fénelon, Solon.

    Se faire l'un à l'autre des égratignures. Ces deux enfants se sont égratignés à qui mieux mieux.

    PROVERBE

    S'il ne peut mordre, il égratigne, c'est-à-dire il fait tout le mal qu'il peut.

HISTORIQUE

XIIe s. Por coi detort [elle] ses beles mains, Et fiert [frappe] son piz et esgratine ? Chev. au lyon, V. 1488.

XIIIe s. Et esgratinoient leur visaiges, Hist. occid. des croisades, t. I, p. 607. À ses ongles [elle] s'estoit un peu esgratinée, Berte, LXXXII. Moult sembloit bien qu'el fut dolente [Tristesse], Qu'ele n'avoit mie esté lente D'esgratigner tote sa chiere [face], la Rose, 315.

XVe s. Et Pothon prit Lyonel d'une main par le bord de son bassinet, et l'esgratigna de son gantelet au visage, Monstrelet, liv. II, ch. 8.

XVIe s. Le chat les egratignera tant, que…, Despériers, Contes, XLIII. Elle se mit à le frapper, mordre et egratigner, Marguerite de Navarre, Nouv. IV.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et gratiner, dérivé de gratter ; picard, égrafigner. On trouve la forme primitive esgrater : Lors prist la pucelle à mordre et egrater le chevalier, et à cryer ainsi que se elle fut hors du sens, Perceforest, t. II, f° 1. On trouve le simple gratigner. On trouve aussi une autre forme esgrafigner, grafigner, qui vient d'un radical graf ou grif (voy. GRAFFE) : Les petits chiens de son père [à Gargantua] mangeoient à son escuelle …il leur mordoit les oreilles, ilz luy graphinoient le nez, Rabelais, Garg. I, 11.