« dragée », définition dans le dictionnaire Littré

dragée

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

dragée

(dra-jée) s. f.
  • 1Amandes diverses recouvertes de sucre très fin et durci. Un cornet de dragées. Bourré de sucre et brûlé de liqueurs, Vert-Vert, tombant sur un tas de dragées, En noir cyprès vit ses roses changées, Gresset, Vert-Vert, IV.

    Dragées de baptême, boîtes de dragées que le parrain est dans l'usage de donner à sa commère et à l'accouchée.

    Fig. et par plaisanterie. Oui d'un baptême de cour Voyez en nous [jésuites] les dragées, Béranger, Rév. pères.

    Dragées d'attrape, dragées fort amères.

    Fig. et familièrement. Avaler la dragée, avoir quelque déboire.

    La dragée est amère, cela est difficile à supporter.

    Terme de pharmacie. Dragées vermifuges, dragées préparées en substituant aux amandes le semen-contra. Dragées purgatives, dragées faites avec le jalap. Dragées de Saint-Roch, baies de genièvre recouvertes de sucre et qui sont diurétiques.

  • 2Menu plomb de chasse. Petite. grosse dragée.

    Ce fusil écarte la dragée, les grains de plomb qu'il lance s'écartent trop les uns des autres.

    Fig. et populairement. Écarter la dragée, laisser échapper de petites parties de salive en parlant.

  • 3 Terme d'agriculture. Mélange de grains qu'on laisse croître en herbe pour les chevaux.

    Dragée de cheval, blé sarrasin.

    Fig. Tenir la dragée haute à quelqu'un, lui faire bien payer ce qu'il désire, ou le lui faire beaucoup attendre ; locution tirée de cette dragée qu'on met plus ou moins haut pour les bêtes.

  • 4 Terme de minéralogie. Dragées de Tivoli, petites concrétions calcaires qu'on trouve dans un ruisseau sortant du lac de Tivoli (Italie).
  • 5Cocon renfermant un ver à soie qui n'a pu se transformer en nymphe.

HISTORIQUE

XIIIe s. Nus cervoisiers ne puet [peut] ne ne deit faire cervoise fors de yaue et de grain, c'est à savoir d'orge de mestuel et de dragie, Liv. des mét. 30.

XIVe s. [Philippe le Bel et le pape Clément] … De ceste male dragée [les juifs] Ont chrestienté desrengée, Hist. de France à la suite du roman de Fauvel, ms. dans LACURNE. Dragée, sucre rosat, noisettes confites, Ménagier, II, 4.

XVe s. Il n'y a jà point bonne dragée. S'elle ne sent sa confiture, Martial, Vigiles de Charles VII, t. II, p. 41, dans LACURNE. Six livres de dragées pour servir en un drageoir, De Laborde, Émaux, p. 255.

XVIe s. Une boite de dragées… Le chevalier presenta sa dragée en une boete d'argent, Yver, p. 614. Monsieur se pourmenant avec son frere et le roi de Navarre faillit à estre tué dans le fossé d'uno meschante piece chargée de dragée, D'Aubigné, Hist. II, 52. Le duc fait boire un salve de 400 coups à l'escadron du roi, qui, aiant avalé cette dragée, donne dans cette forest de lances, D'Aubigné, ib. III, 231. Dragées estranges et de toutes coulleurs, les unes estans en façon de beste, les autres en façon d'hommes, femmes et oyseaulx, P. Choque, dans LEROUX DE LINCY, Bibl. des Ch. 5e série, t. II, p. 168.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. draigée ; provenç. dragea ; catal. drageya ; espagn. gragea ; portug. grangea ; ital. treggea ; bas-latin, dragata, tragemata, dessert, fruit, du pluriel grec τραγήματα, friandises, de τραγεῖν ou τρώγειν, manger (voy. TRUITE).