« glaire », définition dans le dictionnaire Littré

glaire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

glaire

(glê-r') s. f.
  • 1Le blanc de l'œuf quand il n'est pas cuit.

    Nom du blanc d'œuf chez les relieurs, qui s'en servent pour en frotter la couverture des livres en veau. Préparation de la glaire d'œufs : sur les glaires de douze œufs, on met deux gros d'alcool, on bat bien le tout avec un moussoir à chocolat…, Manuel du relieur, p. 146.

  • 2Humeur que sécrètent les membranes muqueuses et qui ne diffère des mucosités qui lubrifient ces membranes que par plus de consistance et de viscosité. La goutte avec sa craie, et la glaire endurcie Qui se forme en cailloux au fond de la vessie, Voltaire, Tactique.

    Nom des mucosités qui découlent des organes sexuels pendant l'accouchement.

    Nom des mucosités que rendent les petits enfants, les deux ou trois premiers jours.

    Terme de chasse. Matière qui se trouve dans les fumées des biches.

    En général, toute espèce d'humeur visqueuse dans le corps vivant. Trois sortes de glaires ou humeurs extrêmement claires, Descartes, l'Homme. Il serait difficile que l'âme d'un animal qui n'est qu'une glaire en vie fût un feu céleste, Voltaire, Colim. Réfl.

  • 3Se dit aussi d'une eau qui se trouve dans les diamants imparfaits.

HISTORIQUE

XIIIe s. Glaire d'ou [d'œufs], Marbodus, Col. 1664, dans LACURNE.

XVe s. Icellui Bernart print des estoupes et de la clere des oefs, et, au mieux qu'il sut, appareilla les plaies qui fort saignoient, Du Cange, clara. Le my-œuf de l'œuf ne peut sans la glaire ni la glaire sans le mi-œuf, Froissart, II, III, 27.

XVIe s. Ces phlegmes filent deliés au sortir, et depuis se ramassent et espaississent comme glaire d'œufs, Paré, XV, 65 bis.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. clara, glara, s. f., et clar, s. m., et aussi glarea ; espagn. clara ; ital. chiara ; bas-latin, clara ovi, blanc d'œuf. Diez, adoptant d'abord l'opinion de Grimm, le tira de l'anglo-saxon glaere, succin. Mais il est revenu sur cette étymologie, qu'il ne soutient plus ; maintenant il demande s'il faut suivre le sens qui conduit au latin clarus, le clair de l'œuf, ou la forme qui indique le latin glarea, caillou ; il rapporte à glarea, que des glossaires donnent avec le sens de chose gluante, l'italien chiara, qui, outre le sens de glaire, a le sens de banc de sable, et le vénitien giara, qui signifie uniquement banc de sable, qui serait en italien ghiara, représentant le latin glarea, gravier ; tout cela le conduit à supposer une confusion entre clarum ovi et glarea. Quoi qu'on pense de ces rapprochements pour expliquer la présence de glarea avec le sens de glaire, l'ensemble des formes romanes paraît indiquer formellement l'adjectif latin clarus, dit au féminin clara pars ovi, la claire ou la glaire de l'œuf. Le changement du c en g a des exemples : gras, de crassus, pour le français ; gleiza, église, de ecclesia, pour le provençal. Mahn cherche une étymologie celtique : bas-breton, glaour, salive, liquide visqueux ; kimry, glyfoer, bave ; mais ces mots ni pour le sens ni pour la forme ne peuvent prévaloir contre la dérivation latine.