« grammaire », définition dans le dictionnaire Littré

grammaire

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grammaire

(gra-mê-r' ; du temps de Molière, on prononçait gran-maire, comme on le voit par ces vers : Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ? -Qui parle d'offenser grand'mère ni grand'père ? F. sav. II, 6. Dangeau, qui voulait peindre exactement la prononciation, écrit granmaire) s. f.
  • 1L'art d'exprimer ses pensées par la parole ou par l'écriture d'une manière conforme aux règles établies par le bon usage. Les règles de la grammaire. Savoir, enseigner la grammaire. …Quoi ! toujours malgré mes remontrances, Heurter le fondement de toutes les sciences, La grammaire qui sait régenter jusqu'aux rois, Et les fait, la main haute, obéir à ses lois ! Molière, Femmes sav. II, 6. La grammaire, du verbe et du nominatif, Comme de l'adjectif avec le substantif, Nous enseigne les lois, Molière, ib. La grammaire, c'est-à-dire l'art d'écrire et de parler correctement, roule sur quatre principes : la raison, l'ancienneté, l'autorité, l'usage, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. XI, 2e part. p. 738, dans POUGENS. Le célèbre Origène enseigna la grammaire pour avoir de quoi subsister, Rollin, Traité des Ét. VI, 2e part. ch. 4. À la grammaire, nous devons la pureté du discours ; à la logique, la justesse du discours ; à la rhétorique, l'embellissement du discours ; quand finirais-je, si j'allais m'étendre sur ce sujet ? D'Olivet, Rem. sur Racine, § 100.

    Classes de grammaire, les classes de sixième, cinquième et quatrième dans les lycées ; la septième et la huitième se disent classes élémentaires.

    Haute grammaire, étude spéciale des qualités qui caractérisent le style considéré dans ce qu'il a d'agréable ou de désagréable au lecteur ou à l'auditeur.

    Grammaire générale, science raisonnée des principes communs à toutes les langues.

    Grammaire comparée, étude comparative des différentes langues.

  • 2Livre où les règles du langage sont expliquées. La grammaire de Port-Royal. Indiquez-moi un bonne grammaire latine. On ne doit pas oublier la grammaire générale et raisonnée de M. Arnauld, où l'on reconnaît le profond jugement et le génie sublime de ce grand homme, Rollin, Traité de Ét. I, ch. I, p. 13. Qu'au lieu de travailler en corp à une grammaire, il fallait en donner le soin à quelque académicien qui, communiquant ensuite son travail à la compagnie, profitât si bien des avis qu'il en recevrait, que, par ce moyen, son ouvrage, quoique d'un particulier, pût avoir dans le public l'autorité de tout le corps, D'Olivet, Hist. Acad. t. II, p. 63, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIIe s. Or me respondez de gramaire, Savez rien de celui afere Que li maistres fait sa clerçons, Qant il lor prenent les Ieçons, Ren. 20920.

XVe s. Chouses cachées, chouses hors de memoire, Qui excedent et logique et granmoyre, Faifeu, p. 51, dans LACURNE.

XVIe s. Les alphabets des doigts et grammaires en gestes, et les sciences qui ne s'exercent et expriment que par iceulx, Montaigne, II, 159. Oyez dire metonymie, metaphore, allegorie et autres tels noms de grammaire, semble il pas qu'on signifie quelque forme de langage rare et pellegrin ? ce sont tiltres qui touchent le babil de vostre chambriere, Montaigne, I, 382.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. gramaira. Ce mot ne peut venir de grammatica, qui aurait donné gramaije ; comparez voyage de viaticum, piége de pedica, l'ancien adjectif domesche de domesticus. Il provient du bas-latin, gramma, lettre, avec la finale latine arius, aria ; c'est le grec γράμμα, lettre. Gramatique, qui s'est dit aussi, vient du latin : Dont [de trois sciences] la premiere est gramatique, qui est fondemenz et porte et entrée des autres sciences ; ele nos enseigne à parler et à lire et à escrire à droit, sanz vice de barbarisme et de solœcisme, Latini, Trésor, p. 8.