« hémistiche », définition dans le dictionnaire Littré

hémistiche

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hémistiche

(é-mi-sti-ch') s. m.
  • 1La moitié d'un vers alexandrin. Le premier hémistiche, le second hémistiche. Que toujours, dans vos vers, le sens coupant les mots Suspende l'hémistiche, en marque le repos, Boileau, Art p. I. Observez l'hémistiche, et redoutez l'ennui Qu'un repos uniforme attache auprès de lui, Voltaire, Dict. phil. Hémistiche.

    Il se dit aussi de la moitié d'un vers de dix syllabes, quand il est coupé en deux parties de cinq syllabes chacune.

  • 2La syllabe accentuée, dite aussi césure, de la première partie d'un alexandrin ou d'un décasyllabe. Dans le vers alexandrin, l'hémistiche est à la sixième syllabe ; dans le vers de dix syllabes, il est à la quatrième. Les autres vers n'ont pas d'hémistiche.
  • 3Il se dit aussi quelquefois, mais inexactement, pour des parties de vers qui ne sont pas portions de vers déterminées par l'hémistiche. À la face des dieux est ce qu'on appelle une cheville ; il ne s'agit point ici de dieux et d'autels ; ces malheureux hémistiches qui ne disent rien parce qu'ils semblent en trop dire, n'ont été que trop souvent imités, Voltaire, Comm. sur Corn. Othon, I, 1.

    Fig. En tout, ce discours est fait comme les tragédies modernes, avec des hémistiches ; et jamais plus belle occasion ne fut plus complétement manquée, Mirabeau, Collect. t. I, p. 168.

SYNONYME

HÉMISTICHE, CÉSURE. L'hémistiche est proprement un demi-vers : la césure est une coupure faite dans un vers pour en faciliter la prononciation et en augmenter la cadence. Dans les vers bien faits, la césure coïncide avec l'hémistiche ; c'est pourquoi des gens confondent ces deux idées. Mais, dans un vers mal fait comme dans celui-ci des Plaideurs de Racine : Ma foi, j'étais un franc portier de comédie, il est facile de voir que les césures naturelles sont : Ma foi, j'étais - un franc portier de comédie, tandis que les hémistiches sont : Ma foi, j'étais un franc-portier de comédie. Il y a en outre des césures qui ne coïncident pas avec l'hémistiche ; bien placées, elles donnent de la variété, de la force, de l'expression aux vers ; c'est de celles-là que parle Voltaire, Dict. philos. Hémistiche : Plusieurs dictionnaires disent que l'hémistiche est la même chose que la césure ; mais il y a une grande différence ; l'hémistiche est toujours à la moitié du vers ; la césure, qui rompt les vers, est partout où elle coupe la phrase.

ÉTYMOLOGIE

Lat. hemistichium, ἡμιστίχιον, de ἡμί (voy. HÉMI), et στίχος, ligne, rangée, de στίζειν, ficher, piquer (voy. STIGMATE).