« plomber », définition dans le dictionnaire Littré

plomber

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plomber

(plon-bé) v. a.
  • 1Attacher, appliquer du plomb. Plomber les faîtes d'un toit couvert d'ardoise.

    Plomber une canne, mettre du plomb à son extrémité.

  • 2 Terme de manufactures et de douanes. Attacher un petit sceau de plomb soit à des étoffes pour en certifier la qualité ou l'aunage, soit à des ballots, des coffres, etc. pour marquer qu'ils ont payé le droit, et pour empêcher qu'ils ne soient ouverts dans les autres bureaux. Chaque sixain des marchandises de bonneterie… sera… traversé d'un fil à l'extrémité, auquel ils appliqueront un plomb portant l'empreinte de leur bureau. À condition que, si les sixains qui auront été ainsi plombés ne se trouvaient pas assortis convenablement pour la vente, lesdits gardes… seront tenus de plomber de nouveau les mêmes sixains, Lett. pat. 1er mars 1638.
  • 3 Terme de diplomatique. Attacher à une bulle, à une charte une médaille de plomb portant un sceau.
  • 4 Terme de marine. Plomber un corps, le faire immerger avec du plomb ou avec des poids.
  • 5Juger de la position verticale d'un ouvrage à l'aide d'un fil à plomb. Plomber un mur.

    Terme de marine. Plomber un couple, le présenter, l'établir sur la quille, dans la position voulue.

  • 6Plomber une dent, en opérer le plombage.
  • 7Polir le marbre avec une molette de plomb.
  • 8Plomber de la vaisselle de terre, la vernisser avec la mine de plomb ou graphite. Limailles d'épingles servant à plomber pots de terre, le cent pesant estimé 10 livres, Décl. du roi, nov. 1649, Tarif.
  • 9 Terme de relieur. Mettre sur la tranche d'un livre la composition dite plomb.
  • 10Battre, fouler des terres pour les affermir, soit avec des rouleaux, soit en marchant dessus les pieds serrés.

    Plomber un arbre, fouler la terre avec les pieds autour d'un arbre nouvellement planté, pour l'affermir.

  • 11 Populairement. Donner la syphilis. Il a été plombé.
  • 12 V. n. On dit que l'émail plombe, pour dire qu'il devient louche et de couleur de plomb, lorsqu'il est appliqué sur un fond qui l'obscurcit.
  • 13Se plomber, v. réfl. Prendre une teinte plombée. À Orsière, le teint commence à se plomber ; à Saint-Branchiet, les symptômes [de crétinisme] deviennent plus marqués, Saussure, Voy. Alpes, t. IV, p. 268, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et quant il furent venu [les engins], si les fist drecier hastivement et ploumer pour le feu grigois, Chr. de Rains, 37. Nus deicier ne puet ne ne doit fere ne acheter dez ploumez, quelque chance que il doinent, de quoi qu'il soient ploumez, soit de vif argent ou de plons, liv. des mét. 182. Il ne portent o els [avec eux] ne lance ne espée, Mais gisarme esmolue et machue plomée, Ch. d'Ant. VIII, 89.

XIVe s. Massacumia, c'est ce dont les pos de terre sont plombez, qui viennent d'oultre mer, Lanfranc, f° LXV, verso.

XVIe s. Par coups de poing soient meurdris et plombez, Marot, IV, 146. Ce siecle auquel nous vivons est si plombé [vil], que la vertu n'est plus qu'un mot, Montaigne, I, 263. J'estois le plus lourd et plombé, le plus long et desgousté en ma leçon, Montaigne, II, 86. Le roi [François II], qui avoit la face plombée et boutonnée, l'haleine puante, et autres mauvais signes de santé, D'Aubigné, Hist. I, 89. Ainsi qu'on voit qu'on plombe par derriere les miroirs, Paré, IV, 6. Couleur tirant sur le livide et le plombé, Paré, VI, 2. C'est un extreme vice à un orfevre de plomber de l'or, Ronsard, 588.

ÉTYMOLOGIE

Plomb ; provenç. plombar ; esp. plomar ; port. chumbar ; ital. piombare.