« salamandre », définition dans le dictionnaire Littré

salamandre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

salamandre

(sa-la-man-dr') s. f.
  • 1Genre de batraciens urodèles nombreux en espèces, que le vulgaire redoute parce qu'il en croit la morsure venimeuse ; ce qui n'est pas.

    Le type du genre salamandre est la salamandre tachetée, dite vulgairement salamandre, laquelle n'habite l'eau qu'à l'état de têtard, ou lorsqu'elle y dépose ses têtards, et à laquelle on attribuait la faculté de vivre dans le feu. C'est un préjugé général parmi les gens de la campagne que les salamandres sont des animaux dangereux, Bonnet, 1er mém. reprod. salamandres. Si l'on coupe les quatre jambes de la salamandre, elle en poussera quatre nouvelles, qui seront si parfaitement semblables à celles qu'on aura retranchées, qu'on y comptera, comme dans celles-ci, quatre-vingt-dix-neuf os, Bonnet, Paling. phil. IX, 6. La salamandre, j'ai presque honte de le dire, est si peu faite pour vivre dans le feu, qu'il est démontré aujourd'hui par les expériences de M. Spallanzani qu'elle est de tous les animaux celui qui résiste le moins à l'excès de la chaleur, Bonnet, ib.

  • 2Partie des attributs du roi François Ier, qui avait pris pour emblème une salamandre avec cette devise : J'y vis et je l'éteins.
  • 3 Terme de la cabale. Nom donné aux prétendus esprits du feu. Quant aux salamandres, habitants enflammés de la sphère du feu, ils servent aux philosophes, De Villars, le Comte de Gabalis, 2e entretien. Les salamandres sont composées des plus subtiles parties de la sphère du feu, ID. ib. À ce spectacle s'élance, du milieu du régiment de Sans-Quartier, un poëte plus brillant, plus léger qu'une salamandre, Gilbert, le Carnav. des auteurs. Au frais ondin s'unit l'ardente salamandre, Hugo, Ballades, 2.

    En ce sens, salamandre est du masculin quand on parle des esprits mâles, et féminin quand on parle des esprits femelles. Un salamandre habile à qui je confiais l'éducation du jeune prince, Petis de la Croix, les Mille et un jours, t. I, p. 261.

  • 4 Terme d'ancienne chimie. Sang de salamandre, vapeur rouge qui s'élève pendant la distillation de l'esprit de nitre ; c'est aujourd'hui l'acide hypoazotique.
  • 5Salamandre pierreuse, nom donné autrefois à l'amiante flexible, qui ne brûle point quand on la jette dans le feu.

HISTORIQUE

XIIIe s. [Un évêque] Qui, autant com la salamandre Aime le feu et la chalor, Aime curtoisie et valor, Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 258. Salemandre est ressemblable à petite lisarde, de vaire color, Latini, Trésor, p. 195.

XVIe s. Grans fleurs de lis, salmendres et autres enrichissemens, Bibl. des chartes, 4e série, t. III, p. 63.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et ital. salamandra ; du lat. salamandra ; grec σαλάμανδρα, qui paraît une transcription grecque d'un mot étranger.