« taper », définition dans le dictionnaire Littré

taper

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

taper [1]

(ta-pé) v. a.
  • 1Donner une tape, des tapes. Tapez ce petit drôle.
  • 2Taper les cheveux, les relever avec le peigne, les crêper ; locution vieillie ; on dit crêper. Dites à Montgobert qu'on ne tape point les cheveux, et qu'on ne tourne point les boucles à la rigueur, comme pour y mettre un ruban ; c'est une confusion qui va comme elle peut, et qui ne peut aller mal, Sévigné, 15 avril 1671.

    Taper un cheval, lui relever les crins, l'approprier, l'arranger.

  • 3Fig. Terme de peinture. Exprimer ses figures d'une manière hardie et négligée, en donnant çà et là quelques coups de pinceau.

    Terme de peintre en bâtiment. Frapper plusieurs petits coups de la brosse pour faire entrer la couleur dans tous les creux de la sculpture.

    Terme de peintre et doreur. Coucher les blancs d'apprêt pour la peinture et la dorure.

    Terme de gravure. Taper le vernis, l'étendre également sur la planche.

  • 4 Fig. et familièrement. Porter à la tête, en parlant d'un vin capiteux. Quand le vin tape L'époux qu'on drape, Que sur la nappe Il s'endort à point, Béranger, Cocag.

    Absolument. Ce vin tape fort. Ce vin tape à la tête.

  • 5 V. n. Porter des coups. Il faut taper sur le cousin, Taper sec, taper dur, et si bien qu'il le sente, Du Cerceau, les Deux cousins, II, 9.

    Taper du pied, frapper la terre, le plancher avec le pied. Je suis dans la chambre de M. le chevalier, il est dans sa chaise, qui tape du pied gauche, Sévigné, 28 janv. 1689. Comme elle [Mlle Corneille, jouant la comédie] était naturelle, vive, gaie ! comme elle était maîtresse du théâtre, tapant du pied quand on la soufflait mal à propos ! Voltaire, Lett. d'Argental, 8 mars 1762.

    Populairement. Taper sur les vivres, bien manger.

    Fig. Taper sur le ventre à quelqu'un, prendre un ton de familiarité excessive.

  • 6 Fig. et populairement. Taper de l'œil, dormir. Il y avait près d'une heure que je tapais de l'œil au mieux, quand je m'entends éveiller, Comte de Caylus, Hist. de M. Guill. Œuv. t. x, p. 50, dans POUGENS.
  • 7Se taper, v. réfl. Se donner des tapes l'un à l'autre. Ils se sont tapés à qui mieux.

HISTORIQUE

XVe s. Et tapoient ces viretons [flèches] si au juste parmi ces testes que… qui en estoit atteint, il avoit fait pour la journée, Froissart, II, III, 24. Les quelz orent un grant hutin Entr'eulx pour ta force du vin, Qui en cervel les ot tappez, Tant que l'un dist : vous y mentez, Deschamps, Poés. mss. f° 408.

XVIe s. Frappez dessus comme sus seigle verde, ne les espargnez ; tappez, doublez, frappez, je vous en prye, Rabelais, Pant. IV, 12. Si bien qu'en peu de temps toute cette corne de l'armée turquesque quitte le combat, tappe à terre [gagne la rive], pour sauver les hommes comme ils purent, D'Aubigné, Hist. II, 81. Il fallut paier d'autre monnoie, quand l'amiral et Haumont tapperent à bord et cramponnerent de haut en bas, D'Aubigné, ib. II, 208.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. taparel, battoir. Diez le tire du bas-allem. tappe, patte.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. TAPER. - HIST. Ajoutez : XIIe s. S'en vint [un faucon] ataignant à bandon Une [oie sauvage], fors de route asevrée, Si l'a si ferue et tapée Que contre tiere l'abati, Perceval le Gallois, V. 5556.

XIIIe s. Voir [vrai], se n'eüsse tant affaire, Volentiers un peu les tapasse [ceux qui ne croient pas aux miracles], Gautier de Coincy, les Miracles de la sainte Vierge, p. 665, éd. abbé Poquet.