« thèse », définition dans le dictionnaire Littré

thèse

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thèse

(tê-z') s. f.
  • 1Toute proposition que, dans le discours ordinaire, on met en avant pour la défendre si elle est attaquée. Il a pris une mauvaise thèse. Vous soutenez une bonne thèse. Mes paroles, comme les satires de la comédie, demeurent dans la thèse générale, Molière, Critique, 7. Il voulut soutenir sa thèse par un exemple, Hamilton, Gramm. 9. Vendôme était plein de chiens et de chiennes dans son lit, qui y faisaient leurs petits à ses côtés ; une de ses thèses était que tout le monde en usait de même, Saint-Simon, 156, 39.

    Changer la thèse, c'est l'acte volontaire ou involontaire de l'esprit qui, dans le cours d'une déduction ou d'un débat, arrive à soutenir ou à réfuter autre chose que ce qu'il avait paru ou voulu établir ou contester au début.

    Fig. et familièrement. Cela change la thèse, cela fait changer d'opinion, modifie la manière de voir. Ce que vous dites là change la thèse, Lesage, Diable boit. 19.

  • 2Particulièrement, proposition de philosophie, de théologie, de médecine, de droit, que l'on soutient publiquement. Ces thèses [de Pic de la Mirandole] firent beaucoup de bruit, et eurent plus d'éclat que n'en ont eu de nos jours les découvertes de Newton et les vérités approfondies de Locke, Voltaire, Mœurs, 109. Souvenez-vous qu'on a soutenu des thèses contre la circulation du sang ; songez à Galilée, et consolez-vous, Voltaire, Lett. Maupertuis, janv. 1738.
  • 3Plus ordinairement, l'ensemble des propositions que l'étudiant soutient pour être reçu licencié, agrégé, docteur. Cet étudiant prépare sa thèse.

    Aujourd'hui, le doctorat ès lettres et le doctorat ès sciences se composent de deux thèses, l'une en latin, l'autre en français, sur des points de littérature ou de science ; ce sont de véritables ouvrages et non plus seulement des propositions à discuter

  • 4La dispute même des thèses. Assister à une thèse. Présider à une thèse. Disputer, argumenter à une thèse. Une thèse soutenue à Douai par les carmes déchaussés, Bossuet, Lett. quiét. 395. J'ai entendu quelquefois regretter les thèses que l'on soutenait jadis en grec ; j'ai bien plus de regret qu'on ne les soutienne pas en français ; on serait obligé d'y parler raison, ou de se taire, D'Alembert, Œuv. t. III, p. 167.

    Fig. Soutenir thèse pour quelqu'un, prendre les intérêts, la défense d'une cause.

  • 5Grande feuille, ou cahier, où sont imprimées les questions, les propositions de celui qui soutient la thèse. Autrefois la thèse était une feuille de papier ou de satin, ordinairement enrichie de quelque estampe. Thomas Diafoirus, tirant de sa poche une grande thèse roulée, qu'il présente à Angélique : J'ai, contre les circulateurs, soutenu une thèse qu'avec la permission de monsieur, j'ose présenter à mademoiselle, Molière, Mal. imag. II, 6. On nous mande… que les minimes de votre Provence ont dédié une thèse au roi, où ils le comparent à Dieu, mais d'une manière où l'on voit clairement que Dieu n'est que la copie, Sévigné, 13 juin 1685.

    Brochure où est imprimée la dissertation qui a servi de thèse.

ÉTYMOLOGIE

Θέσις, proprement action de poser.