« doucereux », définition dans le dictionnaire Littré

doucereux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

doucereux, euse

(dou-se-reû, reû-z') adj.
  • 1Qui est doux sans être agréable au goût. Et qui [vin], rouge et vermeil, mais fade et doucereux, N'avait rien qu'un goût plat et qu'un déboire affreux, Boileau, Sat. III.
  • 2 Fig. Qui a un agrément, une douceur fade. Peignez donc, j'y consens, les héros amoureux, Mais ne m'en faites pas des bergers doucereux, Boileau, Art p. III. Tomyris : Un madrigal que j'ai fait ce matin pour le charmant ennemi que j'aime. - Minos : Hélas ! qu'elle est doucereuse ! Boileau, Héros de romans. Ces doucereux Renauds, ces insensés Rolands, Boileau, Sat. X.

    Substantivement. Un doucereux. Votre Clitandre dont vous me parlez et qui fait tant le doucereux, est le dernier des hommes pour qui j'aurais de l'amitié, Molière, Mis. V, 4. Je laisse aux doucereux ce langage affecté, Boileau, Sat. IX.

    Il se dit aussi des choses. Pour un enfant maltraité, Dit Iris, votre langage Me paraît bien doucereux, Chaulieu, L'am. et l'amitié. Ce n'est pas un tissu de mots doucereux, La Bruyère, i. Les propos doucereux dont on veut l'amuser, Rousseau, Ém. V.

  • 3Qui a une douceur affectée. Ces gens-là, quoique doucereux, Sont quelquefois bien dangereux, Scarron, Virg. trav. VI. Je ne suis ni doucereuse, ni importune, Maintenon, Lett. d'Aubigné, 22 juillet 1680. Il y a des vieillards doucereux, circonspects, pleins de ménagements, comme s'ils avaient leur fortune à faire, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 15 janv. 1761.

    Il se dit aussi des choses. Sa figure effrayante et doucereuse m'est bien restée, et j'ai peine à me le rappeler sans frémir, Rousseau, Confess. III.

HISTORIQUE

XIIIe s. Lors estuet [il faut] jones gens entendre à estre gais et amoureus Por le tens bel et doucereus, la Rose, 80. Et esperance me ramene Un pensé doucereus et frois [frais], Roman de la Poire.

XIVe s. Qui croit paroles doucereuses Souvent les trouve venimeuses, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 387.

XVIe s. Ô doux parler dont les mots doucereux Sont engravés au fond de ma memoire ! Ronsard, 30. Remy Belleau, ce doucereux et gentil poete, Des Accords, Bigarr. f° 79, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Picard, douchereux ; wallon, doûcrèse ; rouchi, doucreux ; de douceur, anciennement doucor, d'où doucereux par atténuation de l'o, comme dans l'ancienne forme dolereus, douloureux. Dans l'ancienne langue, doucereus n'avait pas un sens péjoratif.