« foire », définition dans le dictionnaire Littré

foire

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foire [1]

(foi-r') s. f.
  • 1Assemblée considérable et publique qui se tient en temps et lieu désignés d'avance, où tous les marchands peuvent étaler et vendre des objets de leur commerce. Les marchés et les foires ne se peuvent établir en France que par la permission du roi, Févret, Traité de l'abus, I, 9, dans RICHELET. Il y a quatre foires dans Paris : la foire St-Germain, la foire St-Laurent, la foire du Temple et la foire des jambons au parvis de Notre-Dame, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 410, dans POUGENS. Pythagore disait que la vie était semblable à une foire ; comme dans une foire les gens viennent pour s'exercer aux combats, d'autres pour négocier, d'autres simplement pour regarder, ainsi, dans la vie, les uns naissent esclaves de la gloire, les autres de l'ambition, et les autres ne cherchent simplement qu'à connaître la vérité, Fénelon, Pythagore. Comme il n'y avait alors aucune grande ville, et qu'on ne connaissait ni les spectacles, ni les assemblées, ni les plaisirs sédentaires de la société privée, le temps des foires était celui des amusements, Raynal, Hist. phil. I, Introd.

    Foires franches, foires établies avec certains priviléges, certaines exemptions de droits, telles que celle de Beaucaire, etc. Il [Louis XI] accorda à celle de St-Germain la foire franche qui subsiste encore aujourd'hui, Duclos, Hist. Louis XI, Œuv. t. III, p. 330, dans POUGENS.

    Fig. La foire est franche ; qu'il choisisse à sa volonté, Legrand, Foire St-Laurent, divertissement.

    Champ de foire, le lieu où se tient une foire.

    Par extension. La Hollande est une foire continuelle où personne n'est riche que de sa propre industrie, ou de celle de son père, Voltaire, Dict. phil. Économie.

    Fig. Ils s'entendent comme larrons en foire (voy. LARRON).

    Allez vite, la foire est sur le pont, se dit en se moquant de ceux qui s'empressent sans que cela soit nécessaire. Et, inversement, la foire n'est pas sur le pont, il n'est pas besoin de tant se presser.

    Il ne sait pas toutes les foires de Champagne, se dit d'un homme qui, dans une affaire, est loin de savoir tout ce qui s'y passe.

    Il a bien hanté, il a bien couru les foires, c'est un vieux routier, un homme qui a de l'expérience.

    La foire sera bonne, voici bien des marchands, ou les marchands s'assemblent, se dit quand plusieurs personnes de connaissance arrivent en même temps en même lieu. Voici bien des marchands, la foire sera bonne, Th. Corneille, l'Amour à la mode, V, 8.

  • 2Présent qu'on fait au temps de la foire. Il perd exprès pour me donner ma foire ; il fait les choses de bonne grâce, Dancourt, Foire de St-Germain, sc. 21.
  • 3Théâtre de la foire, petit théâtre fondé en 1595 dans l'enclos de la foire St-Germain à Paris. Le théâtre de la foire vivait surtout de critiques des pièces nouvelles et de satires des faits contemporains ; il se tenait tantôt au marché Saint-Germain, tantôt à la foire Saint-Laurent. Rends-lui [au vaudeville], s'il se peut, le cortége Qu'à la foire il a fait briller, Béranger, Désaugiers.
  • 4 Terme de commerce. Foire de respect, temps que l'on accorde à son commissionnaire pour payer les marchandises qu'il a vendues à crédit et dont il s'est rendu garant.

HISTORIQUE

XIIe s. La cort Richart semblout tozjors feire u [ou] marchié, Roman de Rou, v. 4449.

XIIIe s. Toz cist siecles est foire, et l'autre est paiement ; Hé las ! que ferons nos, qui empruntomes tant ? Or deussion payer et rendre maintenant ; Qui ne s'acquittera moult sera mescheant, Fabl. mss. de St-Germain, f° 103, dans LACURNE.

XIVe s. Vaine gloire est le denier au deable, dont il achete toutes les belles denrées en la foire de ce monde, Ménagier, I, 3.

XVe s. Cappitaine de la foire aux chetifs [misérable, ruiné], Deschamps, Poésies mss. f° 216, dans LACURNE. L'on ne s'en va pas de foire comme de marché [c'est-à-dire, en foire il faut payer comptant], Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 338.

XVIe s. Ensuite vint le traité de Loudans qui fut une foire publique de perfidies particulieres et de lachetés generales, D'Aubigné, Vie, CXXVI. Il a esté le premier à la foire des nez [c'est-à-dire il a le nez bien long], Oudin, Curios. fr. À mechante foire, bonne chere et bien boire, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 130.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fieyra, fiera, feira ; espagn. feria ; portug. feira ; ital. fiera ; du lat. feria, fête, solennité. L'ancienne langue avait le verbe foirer, chômer.