« gazette », définition dans le dictionnaire Littré

gazette

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gazette [1]

(ga-zè-t') s. f.
  • 1Écrit périodique contenant les nouvelles politiques, littéraires, etc. dit aujourd'hui plus habituellement journal. D'éloges on regorge, à la tête on les jette, Et mon valet de chambre est mis dans la gazette, Molière, Mis. III, 7. Ne vous incommodez point pour les réponses ; il a un style de gazette qu'il possède mieux que moi, Sévigné, Lett. 25 oct. 1679. N'avez-vous point remarqué la gazette de Hollande ? elle compte ceux qui ont des charges chez Madame la Dauphine, Sévigné, 17 janvier 1680. Et, cherchant sur la brèche une mort indiscrète, De sa folle valeur embellir la gazette, Boileau, Sat. VIII. La nouvelle qui vous alarme n'est encore que dans la gazette, et la gazette est souvent menteuse, Dancourt, la Gazette, sc. 8. Je veux encore me flatter que les gazettes ne savent ce qu'elles disent ; cela leur arrive fort souvent, Voltaire, Lett. d'Argental, 5 déc. 1768. À l'imitation des gazettes politiques, on commença en France à imprimer des gazettes littéraires en 1665, Voltaire, Dict. phil. Gazette. Mlle Duménil [une actrice] court à bride abattue, une autre dit des vers comme on dit la gazette, Voltaire, Lett. Chabanon, 22 déc. 1766. Renaudot (Théophraste), médecin très savant en plus d'un genre, le premier auteur des gazettes en France, Voltaire, Louis XIV, Écrivains.

    Une vieille gazette, une chose qui n'a plus aucun intérêt. Je vis qu'il me traitait comme une vieille gazette, dont on n'a plus que faire, Staal, Mém. t. I, p. 298.

    Fig. et populairement. Lire la gazette, se dit d'un cheval ou d'une autre bête de somme que son maître laisse exposée à l'injure du temps, pendant qu'il est, lui, au cabaret. Le maître vide sa bouteille, la jument lit la gazette, Humbert.

    Titre de différents journaux. La Gazette de France. La Gazette du village. On devenait coupable d'un crime sensible [auprès du roi], sitôt qu'on s'écartait un peu de la fadeur de la Gazette de France, et de celle des bas courtisans, Saint-Simon, 245, 14.

  • 2Détail minutieux de circonstances. Que je voie toute la cour par vos yeux, que j'assiste à tous les sermons par vos oreilles… et qu'il ne revienne point de courrier qui ne soit chargé d'une gazette de votre style, Guez de Balzac, liv. IV, lett. 26. Si je vous faisais une gazette de l'état de ma santé en détail, Sévigné, 594. Parlez-moi de votre gazette de santé, qui est bien la source de mon repos, Sévigné, 20 nov. 1689. Deux personnes chargées de faire la gazette de la cour, Montesquieu, Esp. XII, 7. Ces gazettes de la médisance, ces archives du mauvais goût, que l'envie, la bassesse et la faim ont dictées, ces lâches satires où l'on ménage le vautour, et où l'on déchire la colombe, Voltaire, Babouc.
  • 3 Par dénigrement. Histoire, poëme, récit où les choses sont racontées sèchement et sans intérêt. Ce poëme n'est qu'une gazette rimée. Il y a environ douze batailles dont je n'ai point parlé, Dieu merci, parce que j'écris l'histoire de l'esprit humain, et non une gazette, Voltaire, Lett. Damilaville, 13 février 1763.
  • 4Personne curieuse d'apprendre et de débiter toutes sortes de nouvelles. C'est la gazette du quartier.

HISTORIQUE

XVIe s. Hé quoy donc, petit sibilot [fou], Pour l'amour de dame Lisette, Vous vous estes fait huguenot, à ce que nous dit la gazette, D'Aubigné, Épigr. Il se retira en cette ville (qui estoit Venize) au mois de juin an susdit (1598), n'aiant avec lui qu'une seule gazette, piece de monnoie valant trois liards de France, D'Aubigné, Hist. III, 513. Elle jase, elle caquette, Comme une vieille gazette, De mouchoir et de manchette, De cravate et de cornette, Perrin, Poés. p. 210, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. gazeta ; ital. gazzetta ; d'après Ménage et Ferrari, du vénitien gazzetta, nom d'une petite monnaie que coûtait le papier-nouvelle vendu à Venise ; le nom de la pièce de monnaie passa au journal. D'autres ont dit que gazzetta était le diminutif de gazza, pie. M. Garcin de Tassy le tire de l'indo-persan kâged ou kâgiz, papier. Mais c'est l'opinion de Ménage et de Ferrari qui doit prévaloir ; du moins un des exemples de d'Aubigné prouve que gazette était alors le nom d'une monnaie.