« jus », définition dans le dictionnaire Littré

jus

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

jus

(jû ; l's se lie : un jû-z épais) s. m.
  • 1Partie liquide des végétaux ou de leurs organes obtenue par expression. Du jus d'herbes.

    Fig. De quelque jus divin que Dieu nous la remplisse, Toute l'eau de la vie a le goût du calice, Lamartine, Harm. III, 6.

  • 2Le jus de la vigne, le jus de la treille, ou le jus avec quelque épithète caractéristique, se dit du vin. Chargé d'une triple bouteille D'un vin… L'odeur d'un jus si doux lui rend le faix moins rude, Boileau, Lutr. II. Et les nymphes des forêts D'un jus pétillant et frais Arrosent le vieux Silène, Rousseau J.-B. Cant. de Bacch. Privés de son jus tout-puissant [le jus de la treille], Nous avons vaincu pour en boire, Béranger, Brennus.

    On dit aussi, dans le même sens, jus du mois d'octobre, jus du bois tortu.

  • 3Jus de réglisse, nom vulgaire et commercial de l'extrait de la racine de réglisse. Le jus de réglisse est très noir s'il a été préparé par décoction, et seulement brun s'il l'a été par macération. Vous plaît-il un morceau de ce jus de réglisse ? - C'est un rhume obstiné, sans doute ; et je vois bien Que tous les jus du monde ici ne feront rien, Molière, Tart. IV, 5.
  • 4Bouillon que l'on prépare avec l'eau et les diverses espèces de viandes. La viande nageait dans le jus. Donnez-moi du jus de ce gigot. Le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe, La Bruyère, XI.

PROVERBE

C'est jus vert ou vert jus, pour dire c'est la même chose. On les trouva tous deux encore sur le même lit ; couchés ou assis, je n'en sais rien, mais c'est jus vert et vert jus, Lesage, Guzm. d'Alfar. I, 2.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et ce qui i naist [dans un terrain] ne soit pas boçu ne retort, ne sanz propre jus, Latini, Trésor, p. 175.

XIVe s. Car je vous ai servi mieux que de pois au jus, Baud. de Seb. VIII, 1092.

XVe s. Ô soulas des gosiers, ô très bon jus de pomme ! Prions pour le bon homme Qui planta les pommiers, Basselin, XLIII.

ÉTYMOLOGIE

Lat. jus, juris ; sanscr. yûsha, bouillon. Curtius suppose, avec probabilité, que yûsha vient de yu, qui, du sens de lier, réunir, a passé à celui de mêler ; de sorte que jus, bouillon, et jus, droit, auraient la même étymologie.