« pelote », définition dans le dictionnaire Littré

pelote

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pelote

(pe-lo-t') s. f.
  • 1Boule que l'on forme avec du fil, de la soie, etc. en les enroulant. Une pelote de fil.
  • 2Coussinet où les femmes fichent des aiguilles et des épingles.
  • 3Pelote de paumier, la balle d'un jeu de paume avant qu'elle soit couverte de drap.
  • 4Masse arrondie de quelque substance. Les Arabes ne donnent aux chameaux chaque jour qu'une heure de repos et une pelote de pâte, Buffon, Morceaux choisis, p. 96.
  • 5Pelote de neige, boule faite avec de la neige pressée. Pas plus que 100,000 pelotes de neige n'ébranleront des murailles d'airain, Voltaire, Dial. XXIV, 10.

    Pelote de neige, boule de neige, plante.

    La troupe se grossit comme une pelote de neige, se dit d'une troupe de gens qui augmente à chaque instant.

    Fig. et familièrement. La pelote se grossit, se dit de projets, d'intérêts, de ressentiments qui s'accumulent, par comparaison avec la pelote de neige qui se grossit en roulant. Mme de Maintenon souffrit de Pontchartrain des roideurs qu'elle n'eût jamais passées à un autre ; mais la pelote grossit tant, qu'elle fut ravie de s'en défaire, Saint-Simon, 69, 142.

    Fig. Cela fait une pelote au bout de quelque temps, se dit de petits profits qui, accumulés, finissent par former une certaine somme.

    Fig. Faire sa pelote, amasser ses profits et s'en composer une petite fortune.

    Fig. Se dit de toute espèce d'amas. Il n'y a point de jour où l'on ne fasse cesser quelque vexation ou quelque abus ; mais la pelote était si énorme, qu'à peine paraît-elle encore dégrossie, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 15 sept. 1775.

  • 6Tache blanche arrondie, située sur le front du cheval, et variant beaucoup par ses dimensions. Comme on faisait beaucoup de cas des chevaux qui avaient, sur le devant du front, une espèce d'épi ou rebroussement du poil qu'on appelle étoile ou pelote, ils [les maquignons] vinrent à bout d'en faire paraître, Dict. des arts et métiers, March. de chevaux.
  • 7Cuivre en feuilles, roulé et préparé pour mettre à la fonte.
  • 8Boule d'émeri pulverisé et réduit en pâte avec l'eau.
  • 9Tas de braise ou de cendre rouge, sur lequel on pose les plateaux fondus dans les verreries.
  • 10Réunion de peaux qu'on jette à la fois au foulage dans les tanneries.
  • 11 Terme de pêche. Amorce en forme de boule que l'on jette aux poissons au bout d'une ligne.
  • 12Pelotes de mer, balles composées de fibres entrelacées et comme agglutinées que l'on trouve parmi les algues sur le rivage de la mer.
  • 13Dans certains insectes, partie élargie des tarses, lorsqu'elle est garnie de villosités ou de lames qui font office de ventouses.
  • 14Pelote de beurre, pelote de neige, coquilles univalves.
  • 15 Terme de marine. En pelote, se dit d'un ordre de marche en armée, dans lequel les vaisseaux de chaque division se tiennent massés et comme sans ordre près du chef de peloton.

HISTORIQUE

XIIe s. Desor la mer, en un gravier, As barres [ils] prenent à juier [jouer], E d'une pilote à geter, Grégoire le Grand, p. 42.

XIIIe s. Or sunt Daneis plus fors e pruz, Ore est meistre reis Hardecnutz, Solum Fortune e sa riote, K'en guere fait de gens pelote, Édouard le confesseur, v. 576. Il est ordené entre les preudomes desuz diz que, se aucuns ou aucune engagoit autrui fil en pelote ou en chaine, il doit estre estrangiés du mestier, dusques à tant que il ait paié dix sols pour l'amende, Liv. des mét. 390. Fortune… s'en joe à la pelote [des biens de la terre], Comme pucele nice et sote, la Rose, 6583.

XIVe s. Une très noble espere [sphère] ou pelote ou une très bele fiole, Oresme, Eth. 116. Helas, dient sui homme, si eüst grant desroi ; De pranre [s'attaquer] au roi de France n'est pas geux de pelotte, Girart de Ross. v. 962. La pomme ou une pelote qu'il [le roi des des échecs] tient en sa main senestre…, Vignay, Eschès moralisés, f° 8.

XVe s. Quant les besongnes sont faictes, Les ouvriers qui les ont parfaictes Vont souvent après leur pelote, Mistere de la resurrect. de Jesus crist, dans FR. MICHEL, Argot.

XVIe s. Comme si Dieu se jouoit des hommes en les demenant çà et là comme des pelotes, Calvin, Inst. 144. Les grenades, les pelotes, les pots et carreaux à feu, Paré, IX, Préf. Une pelote d'or à pendre à la ceinture, garnie de diamants, De Laborde, Émaux, p. 436.

ÉTYMOLOGIE

Berry, pelote, tas, amas : la pelote du fumier ; provenç. pelota, pilota ; esp. pelota ; ital. pillotta ; gloses d'Isidore, pilotellus ; du lat. pila, pelote, balle.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PELOTE. Ajoutez :
16La boule avec laquelle on joue à la paume ou à la balle. Il n'y a point de doute que, si la pelote tombe, ce ne soit par la faute ou de celui qui la jette ou de celui qui la reçoit, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. En jouant c'est bien quelque chose d'aller bien à la pelote et la recevoir comme il faut, Malherbe, ib.
17 Droit de pelote, droit perçu en argent ou autrement par les abbés des artisans, au profit de leurs confréries, Julien, Comment. sur les statuts de Provence, t. I, p. 600. Ledit seigneur évêque… parvenu qu'il a été à la porte Saint-François, aurait libéralement livré et baillé son cheval à la grande jeunesse de ladite ville pour le droit de pelote dû à cause de ladite entrée, Prise de possession de l'évêché de Fréjus, le 2 févr. 1659.

Le droit de pelote était dû aussi par les filles qui se mariaient avec des étrangers (Toulon) ; on fermait les portes, et on ne laissait partir la mariée que quand elle avait payé à l'hôpital des pauvres le droit fixé à un pour cent de la dot.