« prou », définition dans le dictionnaire Littré

prou

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prou

(prou) adv.
  • Terme familier. Assez, beaucoup. Les petits intérêts du Mazarin, qui veut gagner peu ou prou, Patin, Nouv. lett. t. I, p. 340, dans POUGENS. Prou est un vieux mot français pour dire assez, dont plusieurs usent encore en parlant ; mais il ne vaut rien à écrire, Vaugelas, Nouv. Rem. p. 467, dans POUGENS. Prou de pardons il avait rapporté [de Rome], De vertus peu ; chose assez ordinaire, La Fontaine, Coc. J'ai prou de ma frayeur en cette conjoncture, Molière, l'Ét. II, 5. Il faut nécessairement que j'en reçoive [de votre écriture] peu ou prou, comme on dit, Sévigné, à Mme de Grignan, 29 nov. 1684.

    Ni peu ni prou, ni peu ni beaucoup, en aucune façon. L'un jura foi de roi, l'autre foi de hibou, Qu'ils ne se goberaient leurs petits peu ni prou, La Fontaine, Fabl. v, 18.

    Substantivement. Bon prou, locution vieillie qui signifie bon profit. Buvez : bon prou vous fasse, La Fontaine, Pays.

HISTORIQUE

XIe s. Qui tant ne sait, ne l'a prod entendut, Ch. de Rol. CLIII.

XIIe s. Respundi Berzellaï : Sire, sire, vielz hum sui de quatre vinz anz ; ne me aperceif pru [je ne m'aperçois pas beaucoup] que est dulz e que amer, Rois, p. 195. Molt est perilleux et grevains Li une et li autres passages… Je ne sai preu lequel je praigne, la Charrette, 690.

XVIe s. Prou de gens ont pensé que…, Montaigne, I, 55. Les princes me donnent prou s'ils ne m'ostent rien, Montaigne, III, 9. Une grande eau va en canal peu ou prou pendant ; une petite ne peut decouler que par chemin aiant raisonnable pente, De Serres, 755. Qui a suffisance, il a prou de bien, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 290. Et y a prou de sujet pour exercer les beaux esprits, Pasquier, Lettres, XVI, 2.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. pro, prou ; catal. prou ; anc. ital. prô. Diez le tire du latin probe, bien. À côté de l'adverbe prou, l'ancienne langue a un substantif prod, preut, preu, qui signifie avantage, profit, et que Diez tire du latin pro, pour (avec une influence de prodesse, suivant Burguy, Gramm. II, 320), de même que le latin contra a donné contro à l'italien dans le sens de désavantage.