« quintessence », définition dans le dictionnaire Littré

quintessence

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

quintessence

(kin-tè-ssan-s') s. f.
  • 1 Terme de la philosophie scolastique. La substance éthérée. Les anciens voulaient que l'âme de l'homme fût d'une espèce de quintessence sans nom, Fénelon, Exist. 43.
  • 2Dans l'ancienne chimie, la partie la plus subtile extraite de quelque corps. Je subtiliserais un morceau de matière, Que l'on ne pourrait plus concevoir sans effort, Quintessence d'atome, extrait de la lumière, La Fontaine, Fabl. X, 1.

    Il s'est dit, familièrement, des sueurs excessives dans l'ancien traitement des maladies secrètes. Je hais l'eau de gaïac et l'étouffante ardeur Des fourneaux enfumés où l'on perd sa substance, Et où l'on va tirant un homme en quintessence, Régnier, Ép. II.

    On donnait autrefois ce nom à l'alcool chargé des principes de quelques substances médicamenteuses. On a donné le nom de teintures, d'élixirs, de baumes, de quintessences aux composés de sucs huileux ou résineux et d'alcool, quand celui-ci est assez chargé de ces substances pour avoir beaucoup de couleur et pour précipiter abondamment par l'eau, Fourcroy, Conn. chim. t. VIII, p. 503, dans POUGENS.

  • 3 Terme d'alchimie. Toute substance jouant un rôle important dans la transmutation des métaux. François Pic a composé de la quintessence, Naudé, Apol. p. 520.
  • 4 Fig. Ce qu'il y a de plus raffiné en quelque chose. C'est [M. le Duc] la quintessence de jalousie, c'est la jalousie même ; j'admire qu'il en soit resté dans le monde, après qu'il a été partagé, Sévigné, 27 oct. 1673. En cet état [la complaisance pour nous-mêmes], bien loin de mépriser la vaine gloire, au contraire nous en séparons pour nous le plus délicat et le plus exquis… et tirons, pour ainsi dire, l'esprit et la quintessence de cet agréable poison, Bossuet, 1er sermon, Profession, 2.

    C'est un homme qui tire la quintessence de tout, c'est un homme habile qui fait d'une chose tout ce qu'on en peut faire, qui pénètre jusqu'au fond d'une affaire.

    Ce qu'il y a de plus précieux dans un ouvrage. Le discours préliminaire qui est à la tête de cet ouvrage [l'Encyclopédie] et dont il [d'Alembert] est auteur, est, si on peut parler ainsi, la quintessence des connaissances mathématiques, philosophiques et littéraires que l'auteur avait acquises pendant vingt années d'études, D'Alembert, Mém. Œuv. t. I, p. XXX.

    Tout le profit qu'on peut tirer d'une chose. Mme d'Armagnac, impérieuse et dure, tirait la quintessence de sa charge, du gouvernement et des biens de son mari, Saint-Simon, 189, 23.

HISTORIQUE

XIVe s. Ce est le ciel que l'en appelle la quinte essence, qui est plus divine et plus precieuse pour ce que elle est plus haut que les elemens, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Ô quintessence de pommier [le cidre] ! Se toujours j'en buvoy de telle ! Basselin, XI.

XVIe s. Huile de fenoil, extraite par quinteessence, Paré, VI, 15. Ce [la liaison de Montaigne et de la Boétie] n'est pas une speciale consideration, ny deux, ny trois, ny quatre, ny mille ; c'est je ne sçais quelle quintessence de tout et meslange qui, ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne, Montaigne, I, 213.

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. quinta essentia, de quinta, cinquième, et essentia, essence, parce que, selon les anciens, il y avait quatre éléments contenus dans leurs sphères respectives, la terre, l'eau, l'air et le feu ; et, au-dessus de la sphère du feu, une substance plus pure et plus subtile encore qui n'avait pas de nom propre, et qu'on appelait la quinte essence (5e substance).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

QUINTESSENCE.
1Ajoutez :

Fig. M. de Chastillon est ici, qui s'en va chez lui [en une sorte d'exil] ; c'est le même que nous l'avons cru, beaucoup de masse et peu de quintessence, Richelieu, Lettr. etc. t. VI, p. 153 (1638).