« rogue », définition dans le dictionnaire Littré

rogue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rogue [1]

(ro-gh') adj.
  • Terme familier. Arrogant avec une nuance de rudesse en plus. M. d'Elbeuf, qui, selon le caractère de tous les gens faibles, était rogue et fier, parce qu'il se croyait le plus fort, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 280, dans POUGENS. Je voudrais bien que les gens qui sont si fiers et si rogues sur leurs paillers voyageassent un peu dans l'Europe, Voltaire, Lett. Chardon, 5 avril 1767.

    Il se dit du ton, des manières. De qui la mine rogue et le parler confus…, Régnier, Sat. X. Est-il d'un esprit doux ou rogue ? Scarron, Virg. III. Vous avez le ton bien rogue, monsieur Remy, Marivaux, Fauss. confid. III, 5.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et des sieges aiment as tables Les plus haus, les plus honorables, Et les premiers as synagogues, Com fiers et orguilleus et rogues, la Rose, 11833.

ÉTYMOLOGIE

Diez le tire de l'islandais hrok, insolent, et croit que le mot a été apporté par les hommes du Nord qui s'établirent dans la Neustrie ; il regarde l'équivalent celtique comme emprunté au mot scandinave. Cependant la plupart des dialectes celtiques ont le mot : bas-bret. rok, rog, fier ; gaél. rucas, fierté ; irl. rucas, rocas, fierté. Cela rend douteuse l'opinion de Diez. Dans l'anglais, rogue signifie coquin et aussi espiègle.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. ROGUE. Ajoutez :
2 Substantivement. Une personne rogue. Mais son père [de Molière] ayant su que, moyennant finance, Dans Orléans un âne obtenait sa licence, Il y mena le sien, c'est-à-dire ce fieux Que vous voyez ici, ce rogue audacieux, Boulanger de Chalussay, le Divorce comique, dans Élomire [Molière] hypochondre (1670)

HISTORIQUE

Ajoutez :

XVIe s. On voit clairement le fruict qu'a produit la doctrine de Luther, c'est qu'elle a rendu le peuple si rogue et rebelle, qu'on n'en peut plus jouir, Sleidan, Hist. de l'estat de la religion et republique sous Charles V, p. 55, verso.