« subjuguer », définition dans le dictionnaire Littré

subjuguer

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subjuguer

(sub-ju-ghé), je subjuguais, nous subjuguions, vous subjuguiez ; que je subjugue, que nous subjuguions, que vous subjuguiez v. a.
  • 1Mettre sous le joug, réduire en sujétion, par la force des armes. Annibal est vaincu, et Carthage subjuguée par Scipion l'Africain, Bossuet, Hist. III, 7. De tous les conquérants qui ont envahi une partie du monde, il n'y en a pas un qui ait commencé ses conquêtes avec autant de troupes réglées et autant d'argent que Louis en employa pour subjuguer le petit État des Provinces-Unies, Voltaire, Louis XIV, 10. Le roi [Henri II] alla conquérir l'Irlande ; c'était un pays sauvage qu'un comte de Pembroke avait déjà subjugué en partie avec douze cents hommes seulement, Voltaire, Mœurs, 50. Tamerlan devait avoir d'autant plus de ce mérite propre à l'ambition, qu'étant né sans États, il subjugua autant de pays qu'Alexandre, et presque autant que Gengis, Voltaire, Mœurs, 88.
  • 2 Par extension. Dompter un cheval.
  • 3 Fig. Il se dit de la possession d'une femme. S'il avait voulu attaquer ces dames, il les aurait toutes subjuguées l'une après l'autre, sans être aimé d'aucune, Voltaire, Pr. de Bab. 7.
  • 4 Fig. Exercer de l'empire, de l'ascendant. Les hommes, qui sont tous nés imitateurs, prennent insensiblement la manière de s'exprimer et même de penser des premiers dont l'imagination a subjugué celle des autres, Voltaire, Disc. récept. Corneille avait trente ans quand il donna sa Médée ; c'est l'âge de la force de l'esprit ; mais il était encore subjugué par son siècle, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Médée. Monseigneur le duc d'Orléans, régent du royaume, me faisant un jour réciter le second chant de la Henriade, me dit : Il faut que le vers me subjugue, Voltaire, Lett. Choiseul, juin 1773. La même crainte qui le fait fuir [le flamant] le subjugue quand il est pris, Buffon, Ois. t. XVI, p. 324. Son nom [de Montesquieu, allégué dans une discussion] subjugua tout le sénat britannique, Raynal, Hist. phil. XIV, 22. Il n'est pas temps encore ; ils sont tous subjugués par lui, Beaumarchais, Mère coup. I, 2.

HISTORIQUE

XIIe s. La poesté, la seignorance Del realme de tute France [il] Suzmist à sei e suzjua, Benoit de Sainte-Maure, I, 765. Les gens sunt forz e enrichies ; Ne les porra riens sosjoer, Benoit de Sainte-Maure, II, 14396.

XVe s. Veu que nous avons la puissance, La proesse et l'auctorité Pour subjuguer toute la France…, Mistere d'Orleans, p. 416. Après les guerres où il les avoit vaincuz et subjuguez, Commines, II, 4.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. subjugar ; ital. soggiogare ; du lat. subjugare, de sub, sous, et jugum, joug.