« sécurité », définition dans le dictionnaire Littré

sécurité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sécurité

(sé-ku-ri-té) s. f.
  • 1Tranquillité d'esprit bien ou mal fondée dans une occasion où il pourrait y avoir sujet de craindre. M. Coeffeteau n'a jamais usé de ce mot ; mais M. de Malherbe et ses imitateurs s'en servent souvent : N'avez-vous pas de honte de vous plonger, dit-il, en une sécurité aussi profonde que le dormir même ? Vaugelas, Rem. t. I, p. 71, dans POUGENS. M. de Vaugelas a prévu avec raison que sécurité deviendrait fort en usage ; on s'en peut servir sans y apporter aucun adoucissement, Acad. Observ. sur Vaugel. p. 53, dans POUGENS. Avec cette certitude que mettait Luther de la rémission des péchés, il ne laissait pas de dire qu'il y avait un certain état dangereux à l'âme, qu'il appelle la sécurité, Bossuet, Var. I, 12. Les voluptés de Salomon fournissent des blasphèmes et des dérisions aux impies, et des motifs de sécurité au libertinage, Massillon, Pet. carême, Vices et vert. Calomnié continuellement, pouvant être condamné sans être entendu, je passe mes derniers jours dans une crainte trop fondée… je suis toujours prêt à aller chercher ailleurs non pas le repos, mais la sécurité, Voltaire, Lett. d'Argental, 1er avr. 1767. Ô la douce et charmante sécurité que celle qui vient du sentiment d'une union parfaite ! Rousseau, Hél. I, 49. Il faut montrer de la sécurité quand on en jouit ; il en faudrait montrer bien davantage si l'on n'en jouissait pas, Diderot, Claude et Nér. I, 69.
  • 2Sécurité se prend aussi pour indiquer non pas la tranquillité d'un seul homme, mais celle d'un peuple, d'une association, d'une corporation entière. La sécurité du commerce. La sécurité avec laquelle on est toujours assez riche ; la sécurité sans laquelle on ne l'est jamais assez, Raynal, Hist. phil. XII, 14. Il faut à la richesse, pour naître et se développer, des conditions de longue et constante sécurité, Reybaud, Jér. Paturot, III, 14.

REMARQUE

D'après Chifflet, Gramm. p. 34, sécurité est dû à Malherbe ; c'est une erreur ; le mot est plus ancien.

HISTORIQUE

XVIe s. Une santé pleine, telle qu'autrefois la verdeur des ans et la securité me la fournissoient, Montaigne, III, 310. Je prends plaisir de veoir… Brutus, ayant le ciel et la terre conspirez à l'encontre de luy et de la liberté romaine, desrobber à ses rondes quelque heure de nuict, pour lire et breveter Polybe en toute securité, Montaigne, IV, 296.

ÉTYMOLOGIE

Lat. securitatem. Sécurité a été refait sur le latin (voy. SÛRETÉ, qui est la forme ancienne).