« émoi », définition dans le dictionnaire Littré

émoi

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

émoi [1]

(é-moi) s. m.
  • Trouble par crainte ou par inquiétude. Mettre en émoi, en grand émoi. Tout le parti fut en émoi. Compagne de mon mal, assiste mon émoi, Régnier, Plainte.

    Il se dit quelquefois en bonne part avec une épithète déterminative. Un doux émoi. Mais triste et seul, quand j'entends rire Tout Paris en joyeux émoi, Béranger, Mes jours gras.

HISTORIQUE

XIIe s. … Car trop m'aura grevé Ire et esmai qui m'est au cuer prochaine, Couci, XI.

XIIIe s. Forment lui duelt li cuers, mout fut en grant esmai, Berte, VII. Et estoient en grant esmoi des paroles que li cardinal lor avoit dit, Chron. de Rains, p. 117. Biaus amis, folie et enfance T'ont mis en poine et en esmai, la Rose, 3011.

XVe s. Lors chevaucherent les Anglois sans esmai nul, Froissart, I, I, 108. Si estoit le pays de Hainaut en grand tribulation et en grand esmay, Froissart, I, I, 114.

XVIe s. Le lendemain qui fut le treizieme de mai, Par un jour de dimanche, Marquetz [les Venitiens, ainsi dits de saint Marc, leur patron] sont en esmay, Marot, J. V, p. 125. Mais je te prie, Tityre, compte moy, Qui est ce Dieu, qui t'a mis hors d'esmoy ? Marot, IV, 3. Et n'y eut homme en Syracuse si aimant sa personne, ny tant craignant la mort, qui ne monstrast estre pour lors en plus grand esmoy du salut de Dion tout seul, que de tous les autres ensemble, Amyot, Dion, 57.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, èmaï, èmawi, èmauvé, gêné, interdit ; Berry, émeger, décourager ; provenç. esmai ; ital. smago ; mot hybride de es- préfixe roman, et du germanique : anc. haut allem. magan, pouvoir, être fort : proprement, action d'ôter force et pouvoir. Esmoi est la forme picarde ; esmai, la forme directe, venue de l'allemand.