« blafard », définition dans le dictionnaire Littré

blafard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

blafard, arde

(bla-far ; le d ne se lie pas : blafard et défait, dites : bla-far et défait ; au pluriel, l's ne se lie pas : blafards et défaits, dites : bla-far et défaits ; cependant plusieurs prononcent l's : bla-far-z et défaits) adj.
  • D'un blanc terne. Que les teintes des nuages soient blafardes et livides…, Chateaubriand, Génie, II, V, 6. Quand il arrive à un nègre de faire l'amour à une personne de cette espèce blafarde [Albinos], il est tourné en ridicule, Voltaire, Relat. 178. Car la nature bonne et sage… A fait sans le secours du fard D'un Vendôme un peu trop blafard Un Vendôme plus beau qu'un ange, Chaulieu, Au duc de Nevers.

    Fig. Pour voir ce que produirait une union si blafarde [un mariage entre blonde et blond], Hamilton, Gramm. 9.

HISTORIQUE

XIVe s. Ains suis si blaffard et si fade, Qu'il semble qu'aie esté malade, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 6. Et celui qui en ce excede et veult plaire à chescun, se il le fait de son inclinacion et volonté, sans que il tende à autre fin, il n'a pas nom approprié et par aventure peut estre appellé blafart, Oresme, Eth. 50.

XVe s. Mais s'il y a qui imputer Li vueille aucun crime ou blafarde, Lieve soy sus et plus ne tarde, Mart. de S. Étienne.

XVIe s. Leur urine est quelquefois blaffarde, et de couleur cendrée et fetide, Paré, XXII, 10. L'ombre… Luy rend un jour blafard tel qu'aux noires forêts, Am. Jamyn, liv. IV, Élég. Celui qui....

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. blaffardus, dans un texte du XIIIe siècle, nom d'une monnaie qui paraît répondre à un blanc. Ménage tire ce mot de l'allemand bleifarben, couleur de plomb ; mais Diez propose l'ancien haut-allemand blei-faro, de bleih ou bleich, pâle, et faro, couleur (d ajouté comme dans homard). Oresme au XIVe siècle a pris blafard dans le sens figuré, de bénin, sans volonté ; et dans le XVe siècle on a donné à blafarde la signification de mauvaise action.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BLAFARD. - ÉTYM. Ajoutez : Les orfévres, pour donner à l'ouvrage d'or plus de beauté et de fermeté et à moindres frais, font l'alliage de cuivre pur, quand ils peuvent ; qui est beaucoup plus léger que l'argent, qui rend l'or blafe et pale de couleur, Jehan Bodin, Discours sur le rehaussement et diminution des monnoyes, Paris, 1578, feuille 9 verso (il n'y a point de pagination) Blafe donne immédiatement le bas-latin blavus, qui signifie bleu et blond. Dans Du Cange, à blavus, on trouve : blavus, blavius, blavidus, blawfarb. Blafard est donc composé de blavus, qui est le blau des Allemands, et de l'all. Farbe, couleur. Diez avait bien vu Farbe, dans blafard, mais ce n'est pas bleich, c'est blav qui forme la première partie du mot.