« boucher.2 », définition dans le dictionnaire Littré

boucher

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

boucher [2]

(bou-ché ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel l's se lie : des bouchers enrichis, dites : des bou-ché-z enrichis) s. m.
  • Celui qui tue les bestiaux, les débite, et en vend la chair crue.

    Garçon boucher, celui qui aide le boucher dans son travail.

    Fig. C'est un boucher, se dit d'un homme cruel, ou d'un chirurgien inhabile et maladroit, et encore d'un général prodigue de sang.

    C'est un rire de boucher, il ne passe pas le nœud de la gorge, se dit de quelqu'un qui témoigne à l'extérieur qu'il est content, quoiqu'en effet il ne le soit pas trop. Locution qui vient de ce que les bouchers tiennent leurs couteaux à leur bouche, ce qui leur fait montrer les dents et faire une contorsion de lèvres imitant le ris.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et un cotel qui souef tranche Con ce fust cotel à bochier, Ren. 15977. Li bochier d'Orliens prennent sor chascune beste six deniers, et metent en une boete, à defendre cels de lor borc contre autres genz, Liv. de just. 7. Parce que noz veismes qu'il estoit tués d'un seul coup de mail ou de machue, noz preismes un boucier, li quix avoit soupé la nuit devant aveques li, Beaumanoir, XL, 20. Quant les bouchiers et les autres homes de l'ost et les femmes qui vendoient les danrées oïrent ce, il leverent le cri en l'ost, Joinville, 233.

XIVe s. Olivier de Clisson par la bataille va ; Il tenoit un martel qu'à ses deux mains porta ; Tout ainsi qu'un bouchier, abati et versa, Guesclin. 6135. Que les peres l'avoient creé non pas consul pour gouverner, mes bouchier pour tourmenter et murdrir le peuple, Bercheure, f° 48, recto.

XVe s. Et l'appelloit on le boucher, pource que, à besongnes où il estoit contre les Anglois, il en prenoit peu à rançon, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1407. Chier filz, c'est pour vous reprouchier Que n'avez pas cuer de bouchier, Mir. de Ste Geneviève.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. bochier ; catal. botxi ; ital. beccaio, beccaro. Une analogie apparente semble d'abord indiquer bouche comme primitif de boucher ; mais l'italien beccaio s'y oppose. Remarquant que becco en italien signifie bouc, et que la forme française et la forme provençale peuvent être sans peine rattachées à bouc, on acceptera cette étymologie qui, indiquée avant Raynouard, a été établie par lui. Le boucher est proprement le tueur de boucs (la partie pour le tout). Ainsi, pour le mot boucherie, à côté de bocaria, le provençal avait brecaria, qui, venant de berbix, signifie proprement la tuerie de brebis (encore la partie pour le tout). Bien qu'il semble très étrange que le boucher ait été nommé d'après le bouc ou le chevreau, cependant, étymologiquement, il n'y a aucun moyen d'écarter l'italien beccaio, ni de rapporter le provençal bochier et le français boucher à bouche.