« béjaune », définition dans le dictionnaire Littré

béjaune

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

béjaune

(bé-jô-n') s. m.
  • 1 Terme de fauconnerie. Bec jaune
  • 2Oiseau jeune et niais, qui a encore le bec jaune.

    Fig. et familièr. Montrer à quelqu'un son béjaune, lui prouver sa sottise, son ignorance. Souffrez que je lui montre son béjaune, et le tire d'erreur, Molière, Mal. imag. III, 16. C'est fort bien fait d'apprendre à vivre aux gens et de leur montrer leur béjaune, Molière, Am. méd. II, 3.

    Fig. et familièrement. Un béjaune, un jeune homme sot et inexpérimenté.

  • 3 Fig. Se disait de l'ouvrier qui passait compagnon ou maître, et du régal payé en ces circonstances.

    Payer son béjaune, payer sa bienvenue ; locution tirée de ce qu'à Paris une des fonctions les plus importantes des trésoriers de la Basoche était de recevoir les béjaunes et de leur faire payer la bienvenue.

    Lettres de béjaune, lettres données autrefois aux clercs par la basoche, et qui marquaient le commencement de la cléricature.

HISTORIQUE

XIIIe s. Sans faille, ce n'est pas merveille, S'ous [si vous] n'en savés quartier ne aune ; Car vous avés trop le bec jaune, la Rose, 13018.

XVe s. Payer leur fauldra les usaiges De leurs becz jaunes, sans faillir, Orléans, Rondeau. Qu'esse cy ? estes vous bejaulne ? Vuidez moy mon broc vistement, Je demande du vin de Beaulne, Qui soit bon et non aultrement, Villon, Repues franches. Ce sont six aulnes ; ne sont mie ? Et non sont ; que je suis bec jaulne ! Patelin.

XVIe s. Cagnars, bejaulnes, descongneuz, Marot, J. V, 304. Ce dyable de Pantagruel, qui ha convaincu tous les resveurs et bejaunes sophistes, à ceste heure aura son vin, Rabelais, Pant. II, 18.

ÉTYMOLOGIE

Bec, jaune ; le bec jaune étant l'attribut du jeune oiseau de proie, encore sans éducation ni expérience.