« chauvir », définition dans le dictionnaire Littré

chauvir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chauvir

(chô-vir), je chauvis, tu chauvis, il chauvit, nous chauvons, vous chauvez, ils chauvent ; je chauvais ; je chauvis, nous chauvîmes ; je chauvirai ; je chauvirais v. n.
  • Usité seulement dans cette locution : chauvir de l'oreille, chauvir des oreilles, dresser les oreilles, en parlant des animaux qui ont les oreilles longues et pointues, tels que les ânes et les mulets.

    Fig. D'un fardeau si pesant ayant l'âme grevée, Je chauvis de l'oreille et demeurant pensif…, Régnier, Sat. VIII.

HISTORIQUE

XVIe s. Ils baislent aux mousches comme veaulx de disme, chauvent des aureilles comme asnes d'Arcadye on chant des musiciens, Rabelais, Pant. III, Prol. Baislans aux mousches, chouans des aureilles comme ung asne d'Arcadie on chant des musiciens, Rabelais, ib. V, Prol. Plaine mangeoire d'avoyne, laquelle quand les guarsons d'estable cribloyent, il leur chauvoyt les aureilles, leur signifiant que il ne le mangeroyt que trop sans cribler, Rabelais, ib. V, 7. Tout ainsi que l'on voit en un plaisant festin Le compaignon gaillard qui se gorge de vin, Il le taste d'entrée, il chauvit de l'oreille, Et peu à peu gayment en beuvant se resveille, Pasquier, Œuv. meslées, p. 418, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Rabelais dit chauver ou chouer ; ce qui rend très probable que chauvir, chauver ou chouer viennent de chowe ou choe, ancien nom de la chouette (voy. ce nom), et désignent ce mouvement des plumes, particulier à la chouette, qui figure des oreilles comme celles du chat.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHAUVIR. Ajoutez : - REM. Le Dictionnaire de l'Académie définit chauvir des oreilles par dresser les oreilles. Pourtant dans le vers de Régnier : D'un fardeau si pesant ayant l'âme grevée, Je chauvis de l'oreille, chauvir de l'oreille paraît bien représenter le demitto auriculas d'Horace , (Sat. I, 9) ; et en effet Oudin, dans son Dictionnaire français-italien, interprète chauvir par chinare dimenando le orecchie. D'un autre côté, si on examine l'historique, on voit des exemples où chauvir a le sens de dresser. Ces contradictions sont tranchées par l'étymologie qui, montrant d'une façon très probable que ce mot dérive de chowe, chouette, indique que le sens propre est agiter les oreilles et par conséquent tantôt les dresser, tantôt les abaisser.