« collation.2 », définition dans le dictionnaire Littré

collation

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

collation [2]

(ko-la-sion ; en poésie, de quatre syllabes ; on ne prononce qu'une seule l, ce qui le distingue du précédent) s. f.
  • 1Repas léger que les catholiques font au lieu de souper, les jours de jeûne. Plus la nourriture est forte, plus on est en état de garder la règle du jeûne en ne faisant chaque jour qu'un seul repas avec une petite collation, Fénelon, XVIII, 479.
  • 2 Par extension, tout repas fait dans l'après-dînée et qu'on nomme aussi goûter ; anciennement petit repas fait entre le dîner et le souper ; et aussi petit repas donné par politesse, par galanterie. Je n'ai pas songé à vous donner un peu de collation avant de partir, Molière, l'Av. III, 12. Il nous a donné la collation, Molière, Fourb. II, 11. Après cela, on fit une jolie collation, Sévigné, 78. Les soirs il vient faire collation avec nous, Sévigné, 504. On fit collation, on soupa, etc. Sévigné, 47. Je lui dois donner une très bonne collation, Sévigné, 444. À dîner, on me servit des tubéreuses et puis des peaux d'Espagne ; je n'eus que des jonquilles à collation, Fénelon, XIX, 40.
  • 3Petit repas qu'on fait, entre les repas, en hâte, en passant, ou par une circonstance quelconque.
  • 4Anciennement, repas qu'on servait la nuit dans les bals. Il y eut bal et grande collation.

HISTORIQUE

XVe s. Pour faire une collation pour le fait du curé de saint Jaques, Bibl. des Chartes, 5e série, t. I, p. 226. Après qu'ilz eurent tous soupé et joué, le dit Beauchamp fist hucher pour faire collation d'après souper, Du Cange, collatio. Allerent visiter les Gantois de lieu à autre, et prindrent la collation de vin en la tente de Gand, et de là passerent parmi Bourbourg, et allerent loger emprès Gravelines, Monstrelet, t. II, p. 132, dans LACURNE.

XVIe s. Et qu'autre chose il n'ha, sans point mentir, Qu'une rostie à sa colation, Marot, t. III, p. 66. J'ai prins coutume de ne souper plus, et de faire seulement un petit de collation au soir, Despériers, Contes, LIX. S'il la veut venir voir à ce soir, elle luy donnera la collation entre huit et neuf heures, Despériers, ib. XXXIII. Faisant collation d'une bourrée [fagot], devant qu'aller au lit, Despériers, ib. XCVII. Le duc mesme, y arrivant sur le poinct de la collation et se fiant qu'on n'auroit pas touché à sa bouteille, en print à son tour, Montaigne, I, 253.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. collation ; bas-lat. collatio (voy. COLLATION 1). Ce terme vient des coutumes ecclésiastiques. Dans les monastères, on faisait, après le souper, qui avait lieu de bonne heure, une lecture de l'Écriture sainte ou des Pères. Les moines échangeaient leurs observations sur le texte ; les uns faisaient des objections, d'autres y répondaient. Cet exercice, que nous appelons une conférence, ils l'appelaient collatio (de conferre). Au sortir de là, on prenait quelques légers rafraîchissements, et l'on s'allait coucher : de là le sens de petit repas donné à collation, Génin, Récréat. t. I, p. 429.