« conjuration », définition dans le dictionnaire Littré

conjuration

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

conjuration

(kon-ju-ra-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Complot contre le prince ou l'État. Elle accusa Narbal d'être entré dans une conjuration contre Pygmalion, Fénelon, Tél. VIII. Dites que tout cela ne se fit pas à l'instigation de la Renaudie en suite des résolutions de cette assemblée ; dites encore que la Renaudie, huguenot lui-même, ne fut pas établi par les huguenots et par leur chef pour être le conducteur de la conjuration d'Amboise, qui éclata quelques mois après, Bossuet, Variat. Défense, 1er discours, § 16.
  • 2 Par extension, ligue, cabale. Comment résister à une si forte et si générale conjuration ? On n'aurait encore obtenu qu'une partie de ce qu'on peut espérer d'une conjuration d'hommes éclairés en faveur du progrès des sciences, Condorcet, sur l'Atlantide.
  • 3En langage ecclésiastique, exorcisme ou cérémonie pour chasser l'esprit malin et d'autres choses nuisibles.
  • 4Paroles de sortilége. Le magicien commença ses conjurations. Platof [général des cosaques] a dit lui-même qu'à cette affaire un officier fut blessé près de lui, ce qui le surprit peu ; mais qu'il n'en fit pas moins fustiger devant tous ses cosaques le sorcier qui l'accompagnait, l'accusant hautement de paresse pour n'avoir pas détourné les balles par ses conjurations, comme il en était expressément chargé, Ségur, Hist. de Nap. VII, 5.
  • 5 Au pluriel, prières instantes, avec protestations, promesses. Ses sanglots et ses conjurations ne purent le fléchir.
  • 6À Rome, serment de mourir pour la patrie, que prêtait solennellement le peuple assemblé.

HISTORIQUE

XIIe s. E cume Absalon fist le sacrefise, ces ki od lui furent firent cunjureisun encuntre David, Rois, 174. Pur ço que vus avez fait cunjureisun encuntre mei, e nuls n'est ki rien me vuille acuinter, ib. 86.

XVe s. Pour aucunes conspirations, monopoles et conjuroisons longtemps apensées et contrepensées, Du Cange, appensatus.

XVIe s. Pompeius eut recours à l'amitié, ou, pour parler plus rondement, à la conspiration et conjuration de Crassus et de Caesar, Amyot, Lucul. 85.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. conjuration ; espagn. conjuracion ; ital. congiurazione ; du latin conjurationem, de conjurare, conjurer. La formation régulière est conjuraison ou conjuroison, comme dans les plus anciens textes, la finale latine atio se changeant en aison ou oison, comme dans oraison, raison, etc. L'ancien français avait aussi conjur et conjurement.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CONJURATION. - HIST. Ajoutez :

XIIIe s. Lorsque Cateline fist à Rome la grant conjuroison, Latini, Trésor, p. 505.