« coquecigrue », définition dans le dictionnaire Littré

coquecigrue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coquecigrue

(ko-ke-si-grue) s. f.
  • 1Animal imaginaire dont le nom est employé dans diverses locutions. On dit qu'une chose arrivera à la venue des coquecigrues, pour dire qu'elle n'arrivera jamais. Vous aurez des coquecigrues, se dit en raillant à quelqu'un qui demande quelque chose. J'ai des coquecigrues, se dit de même en raillant à celui qui demande ce qu'on a là. Mon esprit à cheval sur des coquecigrues, St-Amant, dans FURETIÈRE. Toute métaphysique ressemble assez à la coquecigrue de Rabelais, Voltaire, Lett. en vers et prose, 80.
  • 2Personne qui ne dit que des balivernes. Raisonner comme une coquecigrue. Je trouve des coquecigrues, des momies, Sévigné, 433. Elles élèvent fort bien leurs petites filles, elles ne leur apprennent point à mentir ni à dissimuler leurs sentiments ; point de coquecigrues ni d'idolâtrie ; enfin je les aime, Sévigné, t. VI, p. 344, lett. 628, dans POUGENS.
  • 3Baliverne, conte en l'air. Il nous vient conter des coquecigrues, des coquecigrues de mer.

REMARQUE

Mme de Sévigné et Voltaire écrivent coxigrue ; et la première édition de l'Académie coquesigrue.

HISTORIQUE

XVe s. Bien resemblez une coque fague ; Barbe n'avez…, Deschamps, Poésies mss. f° 221, dans LACURNE.

XVIe s. Ainsi s'en alla le pauvre colerique ; puis passant l'eau au pont Huaux, et raccontant ses males fortunes, fut avisé par une vieille lourpidon, que son royaume lui seroit rendu à la venue des coquecigrues, Rabelais, Garg. I, 49. S'il reculoit, c'estoient des coquecigrues de mer, Rabelais, IV, 31.

ÉTYMOLOGIE

Normand et Berry, coquecigrue, nom de la bugrane gluante, plante ; bourguig. côquesegrue. Origine inconnue. Ménage dit que dans les cabinets des curieux on nomme coquecigrues les coquilles de mer, et il tire le mot de conchylia acuta, coquilles aiguës ; ce qui n'est pas admissible. D'après Ch. Nisard, il vient du latin cicus, ciccus, chose de rien, et du grec γρὺ, qui a le même sens ; il est possible en effet que gru entre dans ce mot bizarre ; mais le mot coque y entre certainement ; en effet outre coquecigrue, on a, avec un sens très analogue, coquefredouille dans Cotgrave ; coqueluirie dans Eust. Deschamps : Faisons donc la departie [allons-nous-en] ; Allez à Dieu coqueluirie ; Trop de hourt et de barat sçavez ; De ceux ne suis ceste fie, Poésies mss. f° 450, dans LACURNE. Ajoutez-y coquefague, cité au commencement de l'historique ; et vous avez coque avec fague, fredouille, luirie, cigrue, tous suffixes dont le sens est inconnu et qui ne sont peut-être que fictifs et formes de plaisanterie.