« créneau », définition dans le dictionnaire Littré

créneau

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créneau

(kré-nô) s. m.
  • 1 Terme d'ancienne fortification. Toute ouverture pratiquée au sommet d'une tour ou d'une courtine et qui servait à la défense. On ne pouvait pas avoir des créneaux dans des maisons roturières sans la permission du seigneur justicier.

    Aujourd'hui, ouverture pratiquée dans un parapet, dans un mur de caserne, pour tirer sur l'ennemi au moyen de fusils. Les créneaux reçoivent vulgairement le nom de meurtrières. Grâce à mes créneaux, à mes arsenaux, Je puis au préfet Dire un peu son fait, Béranger, Carabas.

  • 2 Terme militaire. Intervalle entre deux hommes, deux pelotons dans l'ordre de bataille. Les chefs de peloton se placent dans les créneaux.

    Terme de marine. Tuyau de plomb ou de bois servant au passage des ordures.

  • 3Ouvertures aux fourneaux des potiers.

HISTORIQUE

XIIe s. En haute tour se siet bele Isabel, Son beau chef blon [elle] mist fors par un crenel, Romanc. p. 70. Quant moins se donent garde cil qui sont au crenel, Sax. IX.

XIIIe s. Mes se de loing le veés estre Ou à crenel ou à fenestre, Regardés le piteusement, la Rose, 7358. Bel-Acueil quiert de chambre en chambre, Qui s'iert as karniaus apuiés De la prison, tous ennuiés, ib. 12753. À chascun des carniaus dont il y avoit bien cinq cens, avoit une targe de ses armes et un panoncel, Joinville, 268. As fenestres vont tot entor ; Et le chevalier tint l'espié, à un carnel s'est apuié, Ren. 22576.

XIVe s. Lanterne à carneaux, De Laborde, Émaux, p. 195.

XVe s. Jà pour creniel, pour tour ne pour guerite, Je ne lairrai qu'à occoision ne die : Sus toutes flours j'aime la marguerite, Froissart, Bal. D'autre part, à un autre creneau estoit le sire de Sorel monté sur une eschelle et se combattoit, main à main, à ceux de dedans, Froissart, II, II, 11.

XVIe s. Au derriere d'un creneau demi abbatu estoient soixante d'hommes d'armes bourguignons, pour au besoing renforcer l'assaut, Jean D'Auton, Ann. de Louis XII, p. 69, dans LACURNE. Ils furent pendus aux crenaux du chasteau, D'Aubigné, Hist. I, 93. Roche-Morte avoit esté tué dans le chasteau comme il dormoit sur un creneau, D'Aubigné, ib. II, 443. Il fallut l'entrecouper de petites traverses qui couvroient chacune le carneau et le passage de l'autre, D'Aubigné, ib. II, 368. Aussi pourra-on espargner en l'extremité de l'espalier des creneaux ou merlets, De Serres, 654.

ÉTYMOLOGIE

Picard, carnaux ; provenç. cranel ; de cran. Dans l'ancien français le nominatif est li crenels ou li crenaus ; le régime est le crenel.