« futé », définition dans le dictionnaire Littré

futé

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

futé, ée

(fu-té, tée) adj.
  • 1Au sens propre, usité seulement en termes de blason : muni d'un fût. Javeline ou autre arme futée, javeline, arme dont le fer et le bois sont de deux émaux différents.
  • 2 Fig. Harassé comme qui a reçu des coups de fût, de bâton (sens hors d'usage aujourd'hui). Ils accusent les grands, le ciel et la fortune, Qui, futés de leurs vers, en sont si rebattus…, Régnier, Sat. XI.
  • 3 Fig. Qui a de l'expérience, de la ruse, comme celui qui a été battu et rebattu d'une chose. Le monde de Madrid est plus futé qu'ici, Th. Corneille, D. Bertrand de Cigaral, IV, 2. Votre cœur est, monsieur, toujours insatiable ; Ces inspirations viennent souvent du diable ; Je vous en avertis, c'est un futé matois, Regnard, Joueur, III, 13. Vous êtes une futée commère pour une Compiégnoise, Dancourt, Curieux, 6. Les oiseaux s'avancent en dandinant vers le futé quadrupède [le renard], qui affecte autant de bêtise qu'ils en montrent, Chateaubriand, Amér. Renard.

REMARQUE

Voy. la remarque pour FUTAIE.

HISTORIQUE

XIVe s. As oï com Girars contre toi gronce et parle ! Tu es li plus fustetz, li plus deshonorés, Se cilz or vilz [sans doute orz vils, ord et vil, sale et vil] Bourgoins [Bourguignon] n'est par toi acorés ! Girart de Ros. v. 724.

ÉTYMOLOGIE

Berry, fûteux, se dit d'un chasseur habile. Futé, en Normandie, se dit d'un corps poli terni par un souffle, par une fumée : les carreaux sont futés, on ne saurait voir à travers ; à Dives [Calvados], futé, rassasié : je n'ai jamais été futé d'huîtres. Le sens propre de futé est battu, du verbe fuster, qui, très employé, signifiait battre, placer à l'affût, fouiller, piller. De battu il a passé au sens de rebattu, las, fatigué, ennuyé ; enfin, de rebattu, il en est venu à signifier qui a de l'expérience, habile, rusé. On a quelque chose de semblable dans les acceptions de roué.