« maçon », définition dans le dictionnaire Littré

maçon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maçon

(ma-son) s. m.
  • 1Ouvrier qui travaille à des ouvrages de maçonnerie. Journée de maçon. Un compagnon maçon. Soyez plutôt maçon si c'est votre talent, Ouvrier estimé dans un art nécessaire, Qu'écrivain du commun et poëte vulgaire, Boileau, Art p. IV. Je suis occupé actuellement à augmenter ma chaumière ; et, si je m'adressais à Apollon, ce serait pour le prier de m'aider dans le métier de maçon ; on dit qu'il s'entend à faire des murailles, Voltaire, Lett. d'Argental, 15 mars 1765.

    Maître maçon, artisan qui dirige les maçons, surveille leurs travaux et répond de leur ouvrage.

    Autrefois, aide à maçon, aujourd'hui aide-maçon, manœuvre qui sert et aide le maçon, qui bat et gâche le plâtre, et qui apporte les matériaux.

    Soupe de maçon, soupe trop épaisse.

    Manger comme un maçon, manger beaucoup.

    J'aimerais mieux servir les maçons, se dit d'une besogne, d'une existence à laquelle on se refuse, la trouvant trop pénible.

    Fig. et familièrement. Ce sont de vrais maçons, se dit de gens qui font grossièrement une besogne qui demanderait quelque délicatesse.

  • 2Maçon se dit quelquefois pour franc-maçon (voy. FRANC-MAÇON).
  • 3 Adjectivement. Maçon, maçonne se dit d'un oiseau et de quelques insectes qui se construisent des nids de mortier. L'abeille maçonne.

    Se dit encore d'un mollusque qui attache à sa coquille tous les corps libres qu'il rencontre sur le sol.

    La maçonne, sorte de coquille univalve (voy. TROQUE 2).

HISTORIQUE

XIIe s. E li maschun Salomun e li maschun Yram les taillerent [les pierres] et parerent, juinstrent e acuplerent de primes as munz, Rois, p. 245.

XIIIe s. Dont [ils] manderent machons vaillans Et boins orfevres bien seans, Fl. et Bl. 551. Li maçon pueent [peuvent] bien prendre un autre aprentiz si tost comme li autre aura acompliz cinq ans, Liv. des mét. 107.

XVe s. Je sçai tel femme de masson, Qui n'est pas à moi comparable, Qui meilleur l'a [une robe] et plus coustable, Quatre fois que la mienne n'est, Deschamps, Miroir de mariage, p. 21.

XVIe s. À propos truelle, bon jour maçon, Cotgrave Il n'est pas masson qui pierres refuse, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Picard, manchon ; provenç. masso ; bas-latin, machio, matio, macio. On l'a fait venir de l'allemand Metz, tailleur de pierre ; anc. h. allem. mëzzo. À quoi Diez objecte que machio ou macio (c est, dans Isidore, l'équivalent de ch) ne peut venir du germanique Metz ou mëzzo ; il incline à voir, comme du Cange, dans macio une altération de marcio, dérivé de marcus, marteau : celui qui porte le marteau. Mais cela reste très incertain, aucun intermédiaire ne se trouvant ; et l'étymologie allemande demeure probable, à moins qu'on ne suppose que, dans le latin maceria, muraille, il y a un radical mac qui s'est développé en machio ou macio. Pour maceria, voy. MACÉRER.