« mortification », définition dans le dictionnaire Littré

mortification

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mortification

(mor-ti-fi-ka-sion ; en vers, de six syllabes) s. f.
  • 1 Terme de médecine. État des chairs mortes, gangrenées. Un bandage trop serré produisit la mortification de la peau.
  • 2 Terme de cuisine. Action de garder la viande et particulièrement celle du gibier, pour qu'elle devienne tendre et gagne du fumet.
  • 3Dans le style ascétique, action par laquelle on donne une sorte de mort au corps, aux passions. L'âme délivrée par ses réflexions de la captivité des sens, et détachée de son corps par la mortification, Bossuet, la Vallière. Saint Bernard et ses disciples, pour avoir porté cette pauvreté et la mortification chrétienne à sa dernière perfection…, Bossuet, Var. XI, § 145. Si vous ne portez pas la mortification de Jésus-Christ sur votre corps, Massillon, Avent. Disp. Pour parvenir à la mortification des passions, Massillon, Carême, Tiéd. 1. Clément se prépara au parricide, comme un bon chrétien ferait au martyre, par les mortifications et par la prière, Voltaire, Henr. V (note)
  • 4Humiliation qu'on éprouve par quelques refus, par quelques mépris, par quelques réprimandes. Ce fut une cruelle mortification pour cinq ou six religieuses, Patru, Plaid. I, dans RICHELET. Ce qu'il y a à faire, c'est de l'en remercier tout bonnement, et ne lui pas donner la mortification de croire que l'on n'est pas charmé de son présent, Sévigné, 197. Je trouve bien honnête et bien noble de n'avoir pas paru fâché de son dîner perdu [Louvois, invité, n'était pas venu] ; je ne sais comme on peut donner de ces sortes de mortifications à des gens qui jettent de l'argent et qui se mettent en pièces pour vous faire honneur, Sévigné, 31 mai 1680. Un accident qui arrive, une mortification qu'on vous donne, Fléchier, Serm. II, 65. Une des mortifications du premier ministre était que, lorsqu'il travaillait avec le roi aux affaires d'État, Fleury y assistait toujours, et que, lorsque Fleury faisait signer au roi des ordres pour l'Église, le prince n'y était point admis, Voltaire, Louis XV, 3. Il est plus facile de souffrir une grande peine que de souffrir toute sa vie de petites mortifications qui se succèdent sans fin, Diderot, Mém. t. I, p. 421, dans POUGENS.
  • 5Dans le style de la chaire, accidents qui arrivent dans la vie. Ce sont des mortifications que Dieu nous envoie.

HISTORIQUE

XVe s. Ung livre de la mortificacion de l'ame, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 358.

XVIe s. Mortification ou gangrene. - Gangrene est une disposition qui tend à mortification de la partie, Paré, X, 11.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mortificatio ; esp. mortificacion ; ital. mortificazione ; du lat. mortificare, mortifier. On trouve, dans le XIIe siècle, mortifiement.