« morveux », définition dans le dictionnaire Littré

morveux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

morveux, euse

(mor-veû, veû-z') adj.
  • 1 Terme de vétérinaire. Cheval morveux, cheval qui a la morve.
  • 2Qui a la morve au bout du nez. Nez morveux. Quand d'enfants la troupe morveuse à coups de lanières de cuir Par-ci, par-là le font fuir [un sabot], Scarron, Virg. VII.

    S. m. et f. Familièrement et par mépris. Enfant, garçon ou fille, ou même jeune homme. Et quitte ce morveux et l'amour qu'il te donne, Molière, Éc. des f. V, 4. Ce sont de beaux morveux, de beaux godelureaux, pour donner envie de leur peau, Molière, l'Avare, II, 6. Elle [Mme de Montespan] se sent au-dessus de toutes choses, et ne craint non plus ses petites morveuses de nièces que si elles étaient charbonnées, Sévigné, 7 août 1676. Un morveux d'officier m'outrage ; Je lui fends !… il vient d'en guérir, Béranger, Vieux caporal.

    Traiter quelqu'un comme un morveux, le traiter avec un mépris humiliant.

  • 3Omelette morveuse, omelette peu cuite ; on dit plutôt omelette baveuse.
  • 4Amande morveuse, amande changée en eau visqueuse.
  • 5Salade, chicorée morveuse, salade, chicorée qui se pourrit.

PROVERBES

Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez, c'est-à-dire il vaut mieux souffrir un petit mal que de l'augmenter par le remède.

Qui se sent morveux se mouche, celui qui se sent coupable des choses qu'on blâme en général, doit prendre pour lui la censure. Qui se sent morveux, qu'il se mouche, Molière, l'Avare, I, 3.

Les morveux veulent moucher les autres, se dit de ceux qui reprennent en autrui les défauts qu'ils ont eux-mêmes.

HISTORIQUE

XIIIe s. Or s'en iront cil vaillant bacheler, Ki aiment Dieu et l'onour de cest mont [monde], Ki sagement voelent à Dieu aler ; Et li morveux, li cendreux demourront [demeureront], Roi de Navarre, Poésies, t. II, p. 133.

XVe s. Morfonduz sont vos chevaulx et morveux, Deschamps, Poésies mss. f° 227. N'y avoit si meschante morveuse qui ne les face faire [des habits] plus excessifs, Aresta amorum, p. 287, dans POUGENS. Qui sera morveux si se mouche, Je ne crains que Dieu et le roy, Coquillart, Poés. p. 174, dans POUGENS. Sire morveux que vous estes, et faictes l'amoureux, Jehan de Saintré, ch. 11.

XVIe s. Ces trous donnent issue aux vapeurs en esternuant, et aux humeurs morveux, Paré, III, 4.

ÉTYMOLOGIE

Morve ; Berry, morvoux ; gén. mourveux.