« nenni », définition dans le dictionnaire Littré

nenni

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

nenni

(na-ni ; en plusieurs provinces, on prononce nan-ni, nan comme dans an ; ce n'est plus la bonne prononciation)
  • 1Partic. négat. Est-ce assez ? dites-moi, n'y suis-je point encore ? - Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout…, La Fontaine, Fabl. I, 3. M. Jourdain : Tu te moques de moi. - Nicole : Nenni, monsieur, je serais bien fâchée, Molière, Bourg. gent. III, 2.

    Il se joint quelquefois avec da. Nenni da, non ; je prétends…, La Fontaine, Mazet. Mascarille, est-ce toi ? - Nenni da, c'est quelque autre, Molière, l'Ét. III, 12.

    On dit aussi : oh ou ah ! que nenni. Oh que nenni, mon parrain, je devine mieux que vous, Dancourt, les Trois cousines, I, 4.

    Il n'y a point de nenni, c'est-à-dire c'est une chose forcée, nécessaire.

    Dites toujours nenni, vous ne serez jamais marié.

  • 2 S. m. Un doux nenni, un refus engageant. Retenez bien surtout cet heureux mot, Ce doux nenni qui plaît tant à Marot, Bernard, Art d'aimer, I.

HISTORIQUE

XIIe s. Coment ! fait saint Thomas, avez me desfié ? Nenal, fait Jocelins, mais co vus ad mandé Li reis…, Th. le mart. 130. Nenil, pour voir ; il ne puet [peut] estre ainsi, Couci, IX.

XIIIe s. Se doivent-il ci arrester ? Nennil, mes voisent [qu'ils aillent] viseter Le saintuaire precieus…, la Rose, 2318.

XVe s. Et l'eussent bien avoir voulu plus bref, s'ils eussent pu ; mais nennin, Froissart, I, I, 247.

XVIe s. Quoy donc ? la vraye penitence peut-elle consister sans foy ? nenni pas, Calvin, Instit. 462. Dieu, auquel il n'y a point d'ouy et nenin : c'est à dire qui ne se change ne contredit point, Calvin, ib. 1147. Qu'elles ayent plusieurs ouys aux yeulx, et force nennys en la bouche, Despériers, Cymbal. 127. Un doux nenny avec un doux sourire, Marot, Epigr. de ouy et nenny.

ÉTYMOLOGIE

Lat. non illud, non cela, opposé à hoc illud, oïl, oui ; bourguig. nenà, nennain, nainin ; basse Normandie, ah vère nannin, négation très usitée ; Berry, nanni. La forme nennin n'est qu'une altération de la finale. Il faut sans doute en dire autant de nenal ; cependant la finale al est singulière.